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de déclarer la guerre à la Russie, mais que tout changerait bientôt. » Il ajoutait, à propos de la résistance que devait faire la Russie, des conseils de stratégie identiques à ceux que Bernadotte communiquait dans le même temps. Alexandre n’avait donc plus qu’à se laisser aller aux espérances nouvelles qu’on lui suggérait. Il donna au général Suchtelen les pouvoirs nécessaires pour ouvrir la négociation, et le traité avec la Suède fut signé le 24 mars. Les principales conditions posées dans cet acte bien connu répondaient aux vœux que nous venons de voir exprimés. Quatre articles séparés autorisaient la Suède à s’allier avec l’Angleterre et à lui ouvrir ses ports, à attirer cette puissance dans l’alliance commune, et rétablissaient les traités et usages de commerce qui étaient en vigueur avant la guerre entre la Russie et la Suède. Tout le traité dut rester entièrement secret ; Napoléon n’en eut qu’au mois d’août une connaissance probablement imparfaite. En janvier 1815, M. de Rumigny écrivait encore : « On fait ici grand secret des derniers traités avec la Russie. Je n’ai pu encore me les procurer. Un de ces traités est du 24 mars 1812… » Ce silence avait été commandé par Bernadotte ; tant que l’Angleterre ne s’était pas liée à sa cause, il en avait eu besoin pour ne pas être à la merci d’Alexandre, dont il redoutait la faiblesse, et pour mieux tromper Napoléon.

Ce dernier cependant, par un aveu plein de grandeur, reconnaissait enfin l’erreur qu’il avait commise en agrandissant la Russie et en négligeant la Suède. M. de Bassano, qui travailla fidèlement et sans relâche à réparer cette faute, obtint au commencement de 1812 que des offres fussent faites à Bernadotte. Le consul-général de Suède à Paris, Signeul, et la princesse royale, femme de Bernadotte, qui se trouvait en France, furent les intermédiaires de cette négociation.


« L’empereur va combattre, disait une note de M. de Bassano qui fut transmise par Signeul dans une lettre de la princesse, pour des intérêts qui, dans tous les temps, ont été ceux mêmes de la Suède. La Suède restera-t-elle indifférente aux événemens qui se préparent, ou bien voudra-t-elle y prendre part comme ennemie et renoncer ainsi pour jamais à reconquérir la Finlande ? Si le prince entend bien ses intérêts et ceux du peuple qu’il doit gouverner, sa majesté impériale consent à lui offrir son alliance et à lui garantir qu’elle ne fera pas la paix sans que la Finlande soit restituée à la Suède. Les seules conditions seraient que la Suède s’engageât à déclarer la guerre à la Russie aussitôt que la guerre serait déclarée entre la Russie et la France, à attaquer la Finlande avec trente mille hommes et à se mettre en état de guerre avec l’Angleterre aussitôt que les hostilités auraient commencé sur le continent… Sa majesté impériale ne peut donner de subsides en argent à la Suède, mais elle consent à recevoir à Lübeck et à Dantzig pour 20 millions de denrées, coloniales appartenant au gouvernement suédois. Aussitôt qu’elles seront arrivées dans ces ports, la Suède en réalisera la valeur, qui lui tiendra lieu de subsides… Sa majesté impériale ne