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DES INTÉRÊTS
DU NORD SCANDINAVE
DANS LA GUERRE D’ORIENT


IV.[1]


BERNADOTTE ET LA POLITIQUE SUÉDOISE DE 1812.





Plus d’une fois depuis deux ans le souvenir de 1812 a été évoqué dans le nord de l’Europe avec des sentimens bien divers. Si la Russie l’a réveillé comme une menace à l’Occident, la Suède, en reportant, elle aussi, son attention vers cette date fatale, a voulu soumettre à un examen sévère les actes mémorables qui entraînèrent à cette époque dans des voies si nouvelles la politique du pays de Charles XII. D’une part il y a en Suède des sympathies nombreuses et sincères pour la cause des puissances occidentales[2], de l’autre il y a des gens qui soutiennent que l’alliance naturelle pour la Suède est celle de la Russie, — que la possession de la Finlande, de la Poméranie et des provinces baltiques lui était et lui serait encore une robe de Nessus, — que la Russie, en lui procurant la Norvège après l’avoir dépouillée à l’est pour établir ses canons à vingt lieues de Stockholm, lui a rendu l’indépendance et la vie. La politique

  1. Voyez les livraisons du 15 février, du 1er juillet et du 15 septembre 1855.
  2. Bien que le cabinet de Stockholm soit resté neutre jusqu’à ce jour, on sait quels échos la prise de Sébastopol et le bombardement de Svéaborg ont rencontrés en Suède.