et de ceux de ses enfans qui étaient mulâtres. En apprenant cette nouvelle, Sidi-Othman s’enfuit de Bengazi et se réfugia à Malte, où il était il y a quelques années et où il est peut-être encore. Méhémed-Raïf le remplaça à Bengazi par son propre frère. Le successeur de Nedjib-Pacha déploya beaucoup d’activité. Voyant que les Arabes du Sahel, sans se mettre ouvertement en révolte, lui opposaient partout une force d’inertie, qu’ils affectaient de ne plus paraître au marché de Tripoli et de se réunir de préférence à celui de Tadjoura, il fit marcher contre cette petite ville un corps de troupes qui, ayant été reçu à coups de fusil, y entra de vive force et la mit à sac. Une partie de la milice de la Méchiah marcha avec les Turcs dans cette expédition, dont le retentissement amena la soumission de Zarzour, Zaouiah ; de quelques autres localités; mais là s’arrêtèrent les succès de la Porte. Abd-el-Djelil régnait en souverain depuis les rives de la Syrte jusqu’au Fezzan inclusivement. Othman, aga de Mezurate, affectait la plus complète indépendance, et Gumma, après avoir passé quelque temps à Tripoli, était retourné dans ses montagnes, où sa position était pour le moins équivoque. Cet état de choses ne présageait rien de satisfaisant pour les Turcs. Néanmoins le gouvernement du sultan résolut d’envoyer une seconde expédition dans la Tripolitaine. C’était contre l’aga de Mezurate, Othman, qu’on voulait frapper les premiers coups. Le capitan-pacha qui la commandait, Taher, avait en outre la mission de tenter, s’il le pouvait avec quelques chances de succès, un coup de main sur Tunis. Il arriva devant Tripoli dans le mois de juin 1836. Après y avoir pris langue, il fit voile pour Mezurate, où il fut immédiatement suivi par le contre-amiral Hugon, accouru avec une partie de la flotte française pour s’assurer de ses intentions. Le gouvernement français croyait, non sans raison, qu’il entrait dans les instructions du capitan-pacha, après avoir complété la soumission de la régence de Tripoli, non-seulement de remettre celle de Tunis sous le joug ottoman, comme je viens de le dire, mais de tâcher, par un moyen quelconque, de porter secours au bey de Constantine, menacé par le maréchal Clauzel. Taher-Pacha assura, avec l’aplomb d’un Turc qui ment, que sa mission se bornait à la Tripolitaine, et l’amiral français se retira.
Cependant Othman, l’aga de Mezurate, sans se laisser intimider par l’orage qui venait fondre sur lui, opposa au capitan-pacha une résistance à laquelle on ne s’attendait point. Il est vrai que Taher-Pacha ne déploya dans cette affaire ni talent militaire, ni résolution. Ayant débarqué ses troupes à peu de distance de la ville, il établit un camp où les Arabes vinrent le harceler, de sorte qu’au lieu d’être assiégeant, il se trouva assiégé. Enfin ses intrigues furent plus heureuses que ses armes : il parvint, par ses émissaires, à gagner tant