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HISTOIRES POETIQUES




I.


LE TALISMAN.


Du fleuve, en approchant, m’arrivaient les murmures,
La senteur s’exhalait des taillis frais et verts,
Un couple de ramiers chantait sous les ramures :

Bonheurs de mon printemps, après bien des hivers,
Je vais vous ressaisir ! Pensers des saisons mûres,
Fuyez ! Aux purs instincts, mes sens, soyez ouverts ! —

Et j’arrive, et, penché sur le cristal de l’onde,
J’y lave dans ses flots puisés avec ma main
Mon visage hâlé par le feu du chemin :
Heureux, je vois encor ma chevelure blonde ;

Mais, puisqu’il faut quitter cette eau claire et profonde,
Hélas ! pour se mêler au sombre fleuve humain,
J’emporte un caillou blanc tout veiné de carmin :
Pensers du sol natal, guidez-moi par le monde !

(Au Pont-Ker-Lô)

II.
UN ANCIEN BOURG.


O Vetustatis silensis
Obsoleta oblivio


I

« Voici le jour venu d’un grand pèlerinage ; Allumez donc un cierge, ô femmes de tout âge,

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