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Des châles à la dentelle il n’y a pas loin ; c’est un autre chapitre du livre des séductions. Rarement on en avait vu une collection aussi riche et aussi nombreuse ; on eût dit que toute la dentelle du globe s’était donné rendez-vous sous les voûtes du même palais. Au rez-de-chaussée M. Lefébure, dans les galeries supérieures MM. Videcocq et. Simon avaient déployé des merveilles. Plus loin, c’était Nottingham qui se mettait en frais d’étalage, ou Saint-Pierre-les-Calais qui, par des prétentions plus modestes, cherchait à s’attirer les préférences de la petite propriété. Aucun des noms célèbres ne manquait à l’appel, et comme ils devaient éveiller de convoitises secrètes ! Bayeux, Bruxelles, Alençon, Malines, Valenciennes, Chantilly. Ne parlons de Tulle que pour mémoire, et du point d’Angleterre, du véritable du moins, que comme on parle du phénix. La liste des dentelles était donc au grand complet, et c’était un beau spectacle. Pendant quinze jours, il ne fut question que de cela, et l’une des interpellations les plus ordinaires, quand on parlait de l’exposition, était celle-ci : Avez-vous vu les dentelles ? Il est vrai que la vogue passa bientôt ailleurs ; rien ne dure ici-bas. Après les dentelles, ce fut le tour des tapis, tapis d’Aubusson, de Felletin, de Nîmes, de Tournai, d’Halifax, et surtout des magnifiques tapis de haute-lisse ou de la Savonnerie, qui entouraient la rotonde comme une décoration, et provenaient des manufactures de Beauvais et des Gobelins. Plus tard, Sèvres eut le dessus, et ce fut à qui s’extasierait devant les coupes en pâte-céladon, les aiguières, les vases, les urnes, les boires, les coffrets, les baptistères, les services de table, merveilles ou bijoux faits pour tenter un puritain. Enfin les joyaux l’emportèrent et parvinrent à tout effacer, porcelaines, tapis et dentelles. On admira d’abord celui de M. Halphen, ceux de M. Bapst, et peu à peu on s’éleva plus haut, si bien que, cinq mois durant, il ne fut question aux alentours des Champs-Elysées que de l’exposition des diamans de la couronne.

À côté des arts qui s’adressent au luxe, il en est d’autres qui intéressent la science. De ce nombre sont les arts de précision, qui ont tenu un rang honorable a l’exposition, l’horlogerie entre autres, où M. Wagner neveu excelle pour l’invention et le perfectionnement. Sa main a touché à tout et d’une manière heureuse, aux compensations, aux échappemens, à l’isochronisme du pendule. Il y avait aussi dans l’annexe plusieurs horloges électriques, les unes françaises, les autres étrangères, assez semblables pour les dispositions, et parmi lesquelles on remarquait celle de M. Vérité. Dans la petite horlogerie, les bons ouvrages et les exposans abondaient ; la Suisse en comptait soixante-seize, jouissant tous d’un crédit mérité. Pour Paris, M. Berthoud conduisait la colonne ; pour Londres, c’était M. Ch. Frodsham ; pour l’Autriche, MM. Suchy et fils ; pour le Danemark,