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CARACTÈRES
ET
RÉCITS DU TEMPS


LE DEUIL DE LADY JESSING.



I.

Quand lirez-vous cette histoire ? Je n’en sais rien. — Elle s’est passée hier ; la plupart de ceux qui en furent les acteurs n’existeront peut-être plus demain. Meurent les corps, puisque c’est leur destinée ; mais sauvons des âmes tout ce que ce monde peut en garder. Quelques-uns des sentimens qui furent en jeu dans cet épisode inconnu d’un éclatant et immense drame eurent, je crois, assez d’énergie, assez de profondeur, assez de grâce, pour mériter de ne point périr. Jugez d’ailleurs ; les voici tels qu’ils naquirent au souffle d’étranges faits.

Le comte Régis Fœdieski est un Polonais, comme l’indique son nom ; mais toutefois il sert la France, et quiconque s’est occupé de choses militaires me comprendra, il la sert au titre français. Il est capitaine dans un régiment de cavalerie, qui sera, si vous y consentez, un régiment de hussards ; seulement vous voudrez bien admettre que ces hussards se trouvaient à tel ou tel endroit au préjudice d’autres cavaliers, peut-être même de soldats d’une arme toute différente. Peu vous importe, n’est-ce pas ? Je n’écris pas de bulletin, je