l’origine, croient que leur pays a été habile par une ancienne race de géans qui ont apporté ces pierres sur leur dos. La vérité est que les anciens peuples du Nord mettaient surtout leur orgueil dans la force, et qu’ils ont voulu célébrer leur passage sur la terre par des monumens dont on pût rapporter l’existence à des demi-dieux. Les auteurs latins qui ont parlé des hunebedden les ont appelés en effet des ouvrages d’Hercule. La destination de tels monumens n’est pas moins mystérieuse que l’origine. Une rigole creusée quelquefois dans la pierre a fait croire qu’elle avait reçu le sang des animaux, et que les hunebedden avaient servi aux sacrifices. L’opinion générale est que ce sont des tombeaux. La Bible nous apprend que les anciens peuples avaient coutume d’élever des amas de pierre pour perpétuer la mémoire de certains événemens. Les hunebedden pouvaient être à la fois des monumens commémoratifs et des sépultures. Il existe dans la province de Drenthe une cinquantaine de ces amas de blocs informes. On m’a montré une église tout entière, et plus loin un clocher, le clocher d’Emmen, bâtis avec les débris de cet art primitif et titanique. Un vieux chêne et deux sorbiers croissaient parmi les vastes blocs sur lesquels je m’assis, et un oiseau que j’effarouchai chantait dans les branches. Le regard perdu dans la nature et la pensée dans la nuit des âges, on s’éloigne a regret de ces lieux qui font rêver. Au milieu de ce désert de bruyères s’élèvent de véritables oasis où coulent de petites rivières, où s’étendent de vertes prairies, où croissent des arbres ; un village occupe toujours le centre de ces cultures. Les défrichemens sont déjà développés sur une assez grande échelle. La manière de défricher les landes de la Drenthe mérite de fixer l’attention du voyageur. On sème du pin ; le pin dévore la bruyère, et au bout d’une vingtaine d’années on abat les pins, dont on vend le bois. La terre, enrichie par les détritus végétaux de cette forêt artificielle, est alors préparée à recevoir la charrue. Les champs de bruyères eux-mêmes ne demeurent point tout à fait abandonnés par la main de l’homme. On les brûle, et de la terre fécondée par la cendre renaissent de jeunes pousses que broutent les moutons. L’industrie agricole ne se contente point de mettre le feu aux plantes, elle brûle le sol lui-même, ou du moins la couche superficielle de tourbe qui recouvre les tourbières hautes. Il faut d’abord dessécher le terrain. Au mois d’octobre, un ouvrier qu’on nomme veenhakker ou houwer (le coupeur de tourbe) s’avance sur la tourbière vierge, les pieds dans de gros sabots et les jambes enveloppées de paille pour se préserver de l’eau ; il déchire le sol humide, il le saigne au moyen de rigoles. Ce travail est pénible. S’il vient à geler et que la couche supérieure soit durcie, on est forcé de le suspendre ; mais s’il n’y a pas d’hiver rigoureux, le coupeur travaille
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