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sans peine qu’il parvint à confier à Iskender-bey le commandement de la petite troupe destinée à agir contre les Herzégoviens à Coénitza et la mission de marcher sur Mostar. À la même époque, Ali-Pacha Stolatchovitz envoya au camp une lettre dans laquelle il faisait savoir qu’il ne pouvait pas fournir les impôts arriérés ni livrer les provisions qu’il avait promises. Omer-Pacha vit dans cette démarche une déclaration de guerre, et lui répondit en le rendant responsable des suites de l’invasion qui allait frapper la province. Il ordonna sur-le-champ à Iskender-bey de prendre l’offensive contre les Herzégoviens, de purger la route de Mostar, par les défilés de Coénitza, Barka-Han et Kulé-Han, des bandes qui s’y trouvaient fortifiées, de s’arrêter au ravin de Parim, près de Mostar, et de s’y retrancher à tout prix. Il fit en même temps marcher Mustapha-Pacha Mélémitchi sur Travnik avec cinq bataillons d’infanterie, deux escadrons de hussards et huit canons, pour empêcher au besoin les insurgés d’avancer sur Serajevo.

Pendant qu’Omer-Pacha faisait ces préparatifs pour combattre les rebelles, les principaux chefs de l’insurrection de l’automne précédent sortirent de leur retraite dans l’intention de se réunir à Vakup et de s’y concerter. Un chef de pandours bosniaques prévint cette réunion. Informé à temps du chemin que devaient prendre les chefs insurgés, il se mit en embuscade avec cinquante hommes bien armés, les surprit et fit huit prisonniers, parmi lesquels se trouvaient Mustahi-Pacha et Mahmoud-Pacha, qui furent conduits à Serajevo. Omer-Pacha espérait que les insurgés de Bihatch, Novi-Bazar, Priédor et Bania-Luca seraient découragés par cette capture importante ; mais il se trompait. Le 20 janvier 1851, les chefs des insurgés, Ali-Keditch. Méhémed-Reditch, Mujo-Bégatch et autres, jurèrent, par la barbe du prophète, d’en tirer vengeance. Ils s’avancèrent par petits détachemens sur Jaîtza, où il n’y avait qu’un seul bataillon d’infanterie, et occupèrent cette forteresse, lâchement abandonnée par son commandant.

Mustapha-Pacha Mélémitchi devait, conformément aux instructions d’Omer-Pacha, marcher de Travnik sur Jaïtza ; mais, au lieu d’exécuter cet ordre, il se contenta d’observer les insurgés sans rien entreprendre. À Coénitza, les affaires prirent une autre tournure. Iskender-Bey avait sous son commandement deux bataillons d’infanterie avec deux majors, un escadron de hussards, trois canons et sept cents Albanais irréguliers, en tout deux mille hommes. Il campait sur la rive droite de la Narenta, près de Coénitza. L’avant-garde des insurgés, forte de quatre mille hommes, occupait Coénitza et les montagnes qui dominent le chemin de Mostar ; elle s’y était établie dans une position avantageuse. Dans les défilés de Barka-Han et de Ivulé-Han, il y avait