aussi de toutes les grandeurs, depuis ceux qui agitent tout un district de premier ordre jusqu’au petit tremblement de i8i6, au pays de Nassau. La circonscription peu étendue de cette miniature de convulsion terrestre et sa nature peu offensive semblaient faites pour éveiller plutôt la curiosité que la crainte, et sauf quelques malheurs heureusement peu nombreux, on peut en dire autant de la secousse alpine du mois dernier. Dans les pays dont le sol est fort accidenté et dont les couches sont fort disloquées, comme est le sol de la Suisse, il n’est pas rare de voir de minimes tremblemens de terre ne secouer qu’un seul canton, souvent même une paroisse isolée. Quelques hectares de terrain mal équilibré retournent à la stabilité tout aussi bien que les vastes continens qui prennent orgueilleusement le nom de parties du monde.
Il est probable que si nous avions des instrumens assez sensibles, nous verrions notre sol continuellement en mouvement. Déjà les astronomes se plaignent que leurs instrumens trahissent, par des perturbations inexplicables, l’instabilité de l’écorce terrestre qui les porte. M. Leverrier s’occupe d’installer ces indicateurs à l’Observatoire impérial, avec la masse immense des perfectionnemens réalisés en partie ou seulement projetés. Lorsque le tremblement de terre de Brousse par Constantinople vint donner l’éveil au monde, qui n’avait pas fait attention au petit phénomène du pays de Nassau, M. Élie de Beaumont, en qui la géologie semble aujourd’hui incarnée, écrivit à M. d’Abbadie, qui a établi au pied des Pyrénées occidentales les niveaux les plus sensibles du monde entier, pour savoir s’il avait observé quelque chose d’extraordinaire, grâce à ces appareils solidement établis dans les souterrains de son château. D’après la réponse, il fut évident que l’observateur français avait reconnu à la loupe et au microscope, pendant huit jours, les perturbations terrestres qui, à mille lieues de là, s’étaient fait sentir aussi pendant huit jours aux musulmans de l’Asie-Mineure par la chute des habitations et la destruction des habitans.
Dans les contrées sujettes aux tremblemens de terre, il est une architecture faite en quelque sorte pour que les bâtimens tombent avec le moins de dommage possible, s’ils ne peuvent résister aux secousses. Les encadremens des fenêtres et des portes offrent des lieux de refuge à ceux qui ne peuvent à temps gagner les places à découvert. Les murs rembourrés, plutôt que bâtis, de paille et de minces branches, résistent, par leur faiblesse même, à la désorganisation. Dans le violent tremblement de terre américain de 1827, M. Boussingault, assis avec une montre marine à la main, brava le météore et compta les coups réguliers du tonnerre souterrain, qui dura six minutes. C’est une des plus longues durées qui ait été bien observée. La sécurité du savant voyageur venait de ce que sa maison était en bois et qu’elle était recouverte en paille. Il laissa donc le tremblement de terre promener les meubles de sa chambre et le secouer lui-même très vivement sur sa chaise, sans lui faire perdre la mesure des intervalles qui séparaient les violens ruidos de la terre ébranlée.
Je trouve dans les épîtres de Synésius, rendues célèbres par les études de M. Villemain, que ce bon évêque d’Afrique, se trouvant dans la Thrace à l’époque d’un tremblement de terre très violent, jugea à propos de chercher