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LA NEERLANDE
ET
LA VIE HOLLANDAISE

I.
FORMATION DU TERRITOIRE. - INONDATIONS ANCIENNES ET RECENTES. - DESSECHEMENT DU LAC DE HARLEM.



Il y a un pays où les fleuves coulent, pour ainsi dire, suspendus sur la tête des habitans, où de puissantes villes s’élèvent au-dessous du niveau de la mer, qui les domine et qui les presse, où des portions de champs cultivés ont été tour à tour envahies, cédées et reprises par les eaux, où le cours naturel des rivières a rattaché d’anciennes îles au continent par un lien de sable, et où d’anciennes parties du continent, détruites, naufragées, ont formé des îles récentes : ce pays est la Hollande. À la vue d’une constitution géographique si étrange, qui s’écarte de toutes les lois connues, on ne s’étonne point seulement qu’avec une poignée d’hommes la Hollande ait saisi et maintenu son indépendance, que sans carrières de pierre elle ait bâti des villes et des édifices remarquables, que presque sans bois elle ait construit des navires qui ont disputé la mer aux plus formidables flottes ; on ne s’étonne point même qu’avec des terres stériles, inondées, défiant le soc de la charrue, elle ait fait de ses cités des marchés de bestiaux et des greniers d’abondance. Non, ce qui étonne avant tout, c’est qu’un ici pays existe. Ce qui intéresse ici le voyageur plus encore