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LA


TRAGÉDIE ITALIENNE


ET


MADAME RISTORI





Alfieri et Mirra. — Schiller et Marie Stuart.





On ne cesse de répéter d’une part que l’Italie ne produit plus rien, qu’avec les mêmes dons naturels et le même soleil, l’Italie des lettres et des arts n’est plus qu’un grand désert ; — de l’autre, que le public de Paris a perdu désormais toute espèce de sentiment du beau, que son goût se dégrade et s’avilit chaque jour davantage, et qu’indifférent aux œuvres sérieuses qu’on pourrait vouloir tenter au théâtre, il ne conserve d’intérêt et de sympathie que pour cette littérature qui se propose uniquement de peindre au naturel et dans la crudité la plus repoussante les gestes des filles perdues et de toute la société interlope que ces planètes vagabondes et néfastes entraînent plus ou moins dans leur centre de gravitation. J’avoue que cette double assertion, à laquelle, on n’en saurait douter, d’excellens esprits resteront fidèles après comme avant, me parait avoir été depuis deux mois singulièrement battue en brèche par les événemens. D’abord cette Italie qu’on disait morte à la poésie, aux lettres, aux beaux-arts, nous envoie une troupe de comédiens où du premier coup se rencontrent deux sujets dont l’un. Mme Ristori, prend place immédiatement à côté de ce que nous avons eu jamais de plus illustre, et dont l’auteur M. Rossi, sans prétendre si haut, sans sortir des limites ordinaires du talent, nous montre un ensemble de qualités tel que notre scène française actuelle ne trouverait personne à lui pouvoir comparer. Et le public qui se passionne pour ce spectacle, qui laisse tomber le Mariage d’Olympe pour courir en foule à Mirra, est ce même public de Paris