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LA NEERLANDE
ET
LA VIE HOLLANDAISE

II.
CARACTÈRE, INSTITUTIONS ET MŒURS DE LA HOLLANDE.



Il en est des nations comme des femmes : pour les comprendre, il faut les aimer. Malheureusement les races du Nord sont peu sympathiques aux races du Midi. Le Français sorti de chez lui est le plus étranger de tous les étrangers; il ne s’identifie surtout que difficilement avec la vie des peuples septentrionaux, avec leur langue chargée de consonnes, leurs manières sagement affables, leur gravité minutieuse et correcte. La nature des Pays-Bas, quoique riche en beautés, ne répond point à son idéal. Ces jolies maisons de campagne qui bordent les routes ou les canaux, ce perpétuel jardin, ces bosquets arrangés pour les plaisirs des yeux, tout cela est charmant, mais tout cela lui paraît froid. Il lui semble qu’on ait défendu aux oiseaux de chanter. La plupart des voyageurs qui ont écrit sur la Hollande l’ont fait avec un peu d’humeur; ils en voulaient à la Néerlande de ne point être la France ou l’Italie. Ce dépit est souverainement injuste : ce qui fait précisément la valeur de ce groupe qu’on appelle la civilisation européenne, c’est le contraste des caractères et la variété des traits. Il faut voir le Hollandais chez lui, et rapprocher ses mœurs des dunes, des canaux, des polders, en un mot de la nature extérieure. Ici la nationalité adhère au sol comme l’âme au corps. Aux portraits plus ou moins chargés en couleur qui ont été faits