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D'UN NOUVEL ESSAI


DE


PHILOSOPHIE RELIGIEUSE




Ciel et Terre, par M. Jean Reynard, un vol. in-8o, 1854.





Combien de gens dans le monde, demi-croyans, demi-sceptiqnes, essaient de concilier les vérités qu’ils ont apprises avec les traditions qu’ils n’ont point oubliées ! On flotte entre la religion et la philosophie ; on aime à la fois l’obéissance et l’indépendance ; on est fidèle aux idées modernes, mais l’on ne veut point rompre avec les idées anciennes, et l’on souhaite involontairement qu’une main heureuse ou habile, accordant les deux puissances rivales, rétablisse la paix dans l’esprit de l’homme. Que la religion abandonne des prétentions surannées, que la philosophie renonce à des négations téméraires, que toutes deux se réunissent en une doctrine aimable et vraisemblable ; que les deux méthodes, se rapprochant et prenant l’homme chacune par la main, le conduisent, comme deux bons génies, vers la vérité promise, puisqu’il ne veut ni désavouer l’une ni quitter l’autre, et qu’il s’attache à ses deux guides avec un égal amour. Là-dessus on échange mille projets de paix, entre lesquels celui que présente M. Jean Reynaud ne nous parait pas un des moins dignes d’attention, car il exprime un penchant de l’esprit public assez marqué en ce moment, et mérite à ce titre d’être examiné tout au long.

M. Jean Reynaud est un mathématicien, jadis saint-simonien, qui, après avoir commencé avec M. Pierre Leroux une sorte d’encyclopédie, vient de rassembler et de développer ses opinions philosophiques