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LE CARDINAL


DE MAZARIN.




DERNIÈRE PARTIE.[1]






I

Mazarin avait repris le pouvoir que venaient de lui rendre les fautes de ses ennemis, et sa persévérance avait vaincu leur mobilité. Si la conscience avait tenu dans les troubles de la fronde une très petite place, la part de l’esprit n’y avait certainement pas été moindre que dans les troubles de la ligue. Dans la rage avec laquelle les pamphlétaires poursuivaient le cardinal, l’œil perspicace de celui-ci croyait entrevoir quelque chose de famélique ; aussi l’un de ses premiers soins après sa rentrée à Paris fut-il de faire donner aux gens de lettres portés sur les états de pension l’avis d’envoyer leurs quittances, pour être payés sur-le-champ de ce qui leur restait dû[2]. Les intéressés ne considérèrent point comme une épigramme cet empressement, qu’ils prirent sans doute pour un hommage à leur puissance, et depuis ce jour-la Mazarin put compter, non sur des sympathies, qu’il ne recherchait point, mais sur un silence qui suffisait à sa politique.

Une silencieuse résignation était aussi tout ce qu’il pouvait attendre

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 juin.
  2. Aubery, Histoire du roi Louis XIV.