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et c’était dans le nord-ouest de la Sibérie qu’on devait le trouver. Déjà, en 1811, M. Hansteen avait exposé ce système dans un mémoire qui fut couronné par l’Académie des sciences de Copenhague ; il ne lui restait plus qu’à le vérifier par des observations directes. M. Hansteen conçut le projet de cette expédition ; il s’y prépara par de nouvelles recherches, par des lectures immenses, par la confection d’un atlas où les notes éparses des voyageurs étaient habilement rapprochées, et le storthing de Norvège ayant libéralement pourvu aux frais de l’entreprise, il partit enfin pour ces contrées de l’Asie septentrionale, où il devait trouver la justification de sa théorie. C’est de 1828 à 1830 qu’il a accompli sa tâche, assisté de M. Due, lieutenant de marine, qui fut pour lui, à travers mille fatigues, le plus fidèle des compagnons. Il y a quelques années, M. Hansteen, qui avait déjà donné à l’Europe le résultat scientifique de ses explorations, a eu l’idée de publier dans le Calendrier populaire de Norvège ce qu’on peut appeler la partie humaine et vivante de son voyage. Un écrivain allemand, M. le docteur Sebald, lui a demandé l’autorisation de faire connaître à son pays ces descriptions si curieuses. La modestie de M. Hansteen s’est alarmée ; « ce n’étaient là, disait-il, que des notes prises à la hâte et rédigées sans prétention pour le peuple norvégien ; » il a donc refait son travail avec des développemens nouveaux, afin de le rendre plus digne du grand public, et ce sont ces pages de l’astronome de Christiania, inédites encore en Norvège, que M. Sebald vient de publier en allemand.

Lorsque M. Hansteen arriva à Saint-Pétersbourg, il y trouva un professeur de l’université de Berlin, M. Adolphe Erman, occupé des mêmes recherches sur le magnétisme, terrestre, et qui avait exprimé le désir de partager en Sibérie ses périls et ses travaux. M. Erman avait aussi en vue d’autres problèmes, des études de minéralogie et de botanique, il dut maintes fois se séparer de son compagnon. D’ailleurs ce voyage en Sibérie n’était pour M. Erman que le début d’un voyage autour du monde ; il sortit de la Sibérie par le Kamtchatka et le Groenland, tandis que M. Hansteen revint en Europe en suivant les frontières de la Chine et de la l’erse. La narration de M. Erman, rédigée un peu confusément sous la forme d’un journal quotidien, avait paru ayant l’excellent livre de M. Hansteen, de 1836 à 1848 ; je l’ai sous les yeux, et soit que nous confrontions les récits des deux écrivains, soit que nous les complétions l’un par l’autre, cette double épreuve tournera au profit de la vérité. Le troisième des voyageurs que je signale ici à l’attention des esprits studieux, M. Mathias-Alexandre Castrén, est un sujet russe de la province de Finlande. M. Castrén est historien et philologue ; ce sont des études de linguistique et d’ethnographie qui l’ont conduit dans la Russie du nord et dans la Sibérie. Après avoir visité la Laponie en 1838, et la Karélie