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que l’on publie ne se ressemblent en rien par les théories générales, quoique dans la pratique, — à l’exception de ceux qui pensent guérir avec des remèdes pris à très petite dose, lorsqu’une dose plus élevée n’agit pas, avec de l’eau froide, de l’eau chaude, des petites chaînes de cuivre ou de fer, des sachets remplis de poudre, etc., — dans la pratique, dis-je, tous les médecins se ressemblent. Sur les divisions des maladies, sur leurs causes, sur la chose même qu’elles affectent, il n’est peut-être pas deux médecins qui pensent de même, et il serait téméraire de dire aujourd’hui avec Hippocrate : « La médecine est depuis longtemps en possession de toute chose, d’un principe et d’une méthode qu’elle a trouvés, et avec ces guides, de nombreuses et excellentes découvertes ont été faites dans le long cours des siècles, et le reste se découvrira, si des hommes capables et instruits des découvertes anciennes les prennent pour point de départ de leurs recherches. »

Il faudrait, pour exposer ces discussions d’une manière complète, faire une histoire de la médecine, et ce n’est point ici le lieu. Nous nous bornerons à remarquer que les deux théories extrêmes ont subi beaucoup de modifications, et depuis plus de deux mille ans ont donné naissance à bien des sectes. De nos jours même, on en a vu naître une foule, et en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, personne n’est d’accord sur les principes fondamentaux de la science. Toutefois les deux écoles qui représentent le mieux les deux théories antiques de physiologie et de pathologie sont, en France, l’école de Paris et l’école de Montpellier. Nulle part on ne trouve d’opinions aussi diverses et aussi bien tranchées. Sans entrer dans beaucoup de détails, essayons de les caractériser. — Les deux écoles sont d’une antiquité à peu près égaie, et elles diffèrent dès leur origine. Elles se sont mises dès l’abord sous l’invocation d’Hippocrate, mais, les œuvres du médecin grec étant mieux connues, son portrait est seul resté sur le sceau de la faculté de médecine de Paris et sur le cachet de sa bibliothèque ; quant à ses doctrines, elles n’inspirent plus les élèves de cette faculté. C’est l’école de Montpellier qui seule persiste à s’appeler orgueilleusement la moderne Cos. Là encore, en recevant le bonnet de docteur, on prononce le serment, autrefois attribué à Hippocrate, qui contient l’exposition des devoirs du médecin et la promesse de les remplir honnêtement. Les médecins de Montpellier ont raison, ils sont de purs hippocratistes. Comme les disciples et les maîtres de l’école de Cos, ils reconnaissent dans l’homme une force vitale, c’est-à-dire un principe indépendant de l’organisation. Ce principe est différent de l’âme, et n’a aucun rapport avec les autres forces du monde physique. Les maladies affectent le principe vital et ne proviennent pas de lésions locales. À Montpellier, on