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en Pliocide, d’Épidaure, de Cyrène, de Cos et de Cnide. Ils étaient toujours situés dans des lieux salubres, souvent près d’une source d’eaux minérales. Xénophon parle d’eaux chaudes qui coulaient auprès du temple d’Esculape à Athènes. En général, comme le temple de Cos, ces édifices étaient dans un des faubourgs de la ville. On y trouvait toujours une statue du dieu, debout, tenant à la main un serpent et s’appuyant sur le bâton nécessaire aux malades, comme pour justifier cette idée de Platon, que le médecin doit avoir eu toutes les maladies. Un coq et souvent un chien sont couchés à ses pieds. Quelquefois, comme on peut le voir au Musée des antiques, à côté de ce dieu est un personnage plus petit, connu sous les noms de Telesphore, Evamérion et Acésius, qui présidait à la convalescence des malades, et que les Grecs avaient emprunté à la mythologie égyptienne. Peu à peu les prêtres d’Esculape devinrent de véritables médecins, et les cérémonies auxquelles ils soumettaient les malades furent de simples préparations hygiéniques : c’étaient des bains, des boissons, des purifications qui déjà produisaient un soulagement ; puis la présence du dieu, l’imagination du malade frappée par un spectacle imposant, enfin un remède qu’on lui donnait à sa sortie, achevaient sa guérison. S’il périssait, c’est que le dieu avait voulu sa mort. Ces prêtres étaient mariés et formaient leurs enfans à l’exercice de leur profession. Tous d’ailleurs croyaient descendre d’Esculape et portaient le nom d’Asclépiades. Ils inscrivaient sur les colonnes du temple la nature de chaque maladie, les remèdes ordonnés et le résultat du traitement. Pausanias a rapporté quelques-unes de ces inscriptions, et un livre perdu aujourd’hui, mais célèbre dans l’antiquité, les Sentences cnidiennes, avait été copié par le médecin Euryphon dans le temple de Cnide. Un des traités de la Collection hippocratique, les Prénotions de Cos, passe pour avoir la même origine.

Vers la Le olympiade, 580 ans avant Jésus-Christ, la science sortit des temples. On oublia l’exemple d’Esculape, foudroyé pour avoir dévoilé les secrets de son art. Les philosophes commencèrent à s’occuper de la médecine, et une science où pénètre la philosophie ne tarde pas à se perfectionner. Alors apparurent Empédocle, qui observa l’action de quelques agens sur l’économie, Anaxagore de Clazomène, qui rechercha les causes des maladies, et les attribua toutes à la bile, destinée à jouer plus tard un grand rôle dans les systèmes des anciens et considérée aujourd’hui comme le liquide le plus inutile de l’organisation ; Leucippe et Démocrite, qui s’occupèrent de la respiration, de la nutrition, de la vision ; Haraclite, qui conclut de ses systèmes sur l’origine du monde à l’origine et aux causes des maladies, etc. C’est alors aussi que les disciples de Pythagore se répandirent en Grèce. Leurs théories étaient sans doute bien métaphysiques,