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LÉGENDES D’ATTILA


TRADITIONS HONGROISES.



I. – monumens traditionnels des magyars.

Il existe au milieu de nous une nation qui compte Attila parmi ses rois, et qui entoure d’un respect héréditaire ce nom ailleurs chargé de malédictions. Elle se prétend fille des Huns, et présente à l’Europe comme ses souvenirs domestiques des documens traditionnels où le nom du terrible conquérant est inscrit à chaque page. Ses plus vieilles chroniques, ses légendes nous parlent d’Attila comme d’un patron et d’un père ; ses institutions mêmes essaient de remonter jusqu’à lui. Cette nation, on le devine assez, est la noble et infortunée nation magyare. Que faut-il penser de ses prétentions ? Ce qu’elle nous donne pour la tradition immémoriale de sa race mérite-t-il à un degré quelconque l’attention de l’histoire, ou devons-nous le rejeter de prime-abord comme un mensonge de la vanité barbare ou une illusion de la piété filiale ? Voilà la première question que j’ai dû me faire en abordant une étude longue et incertaine[1].

J’ai entendu dire plus d’une fois avec l’accent de l’incrédulité : « Peut-il y avoir des traditions hongroises sur Attila et sur les Huns ? » J’étais tenté de répondre : « Serait-il possible qu’il n’y en eût pas ? » Quoi ! lorsque la France, l’Italie, l’Espagne, les pays germaniques et jusqu’à la Scandinavie ont rempli le moyen âge de leurs poèmes ou

  1. Cette étude termine la série sur les Légendes d’Attila ; voyez les livraisons du 15 novembre et du 1er décembre 1852.