Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la température de l’enceinte, on étudie les variations des vitesses du refroidissement, on les compare, et on reconnaît suivant quelle loi varie la quantité de chaleur renvoyée au thermomètre ; puis, en second lieu, on fait varier la température de cet instrument, et en comparant les refroidissemens observés dans les divers cas, on trouve l’expression de la chaleur envoyée vers l’enceinte. Ces quantités de chaleurs envoyées et reçues se peuvent calculer par des formules mathématiques, qu’il serait sans intérêt de chercher à faire comprendre. Ce que nous avons voulu montrer, c’est l’art remarquable avec lequel on a réduit à ses élémens simples un phénomène soumis à des causes tellement nombreuses de perturbations, qu’il semblait défier l’habileté des expérimentateurs. Ce que nous avons désiré faire comprendre, c’est cette méthode qui s’attaque successivement à toutes les influences qui compliquent les questions naturelles et qui les isole successivement pour les étudier l’une après l’autre. On concevra aisément comment, par le développement des mêmes procédés de réduction, on a pu ensuite opérer dans les gaz et reconnaître les lois de leur action.

Jusqu’à présent, nous avons rencontré dans les travaux de Dulong et Petit des expériences précises, mais des résultats dont la complication est extrême ; ils ont mis de l’ordre dans une science encombrée de matériaux incomplets et donné à la méthode d’investigation une puissance qu’on ne lui soupçonnait pas, mais ils n’ont découvert aucune de ces lois capitales qui font la fortune des savans et sont la richesse des sciences. Ils étaient des chefs d’école ; ils n’étaient pas des inventeurs. Ce bonheur cependant ne leur a pas manqué ; nous allons les voir extraire des actions complexes occasionnées par la chaleur une des plus remarquables propriétés de la matière, et, pour la faire apprécier, nous entrerons dans quelques explications nécessaires.

Les substances matérielles absorbent, avons-nous dit, quand elles s’échauffent, des quantités définies de chaleur. Supposons que l’on prenne un kilogramme des divers corps de la nature, qu’on les maintienne d’abord à la température de zéro, et qu’on leur donne à tous la proportion de chaleur nécessaire pour les élever jusqu’à un degré : on trouvera que l’un d’eux en exigera plus ou moins qu’un autre. Une comparaison grossière fera mieux comprendre ce fait important. Prenons plusieurs vases, mesurons la quantité d’eau nécessaire pour les remplir ; elle sera différente pour chacun d’eux, et nous dirons que leurs capacités sont inégales. En assimilant pour ainsi dire les corps à des vases, la chaleur à un liquide, on appelle capacité calorifique leur aptitude à recevoir, pour s’échauffer, des quantités inégales de chaleur ; mais il faut avant tout constater et mesurer ces capacités diverses. On y parvient par une expérience dont