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Il faut finir ces remarques de grammaire, de versification, de vieille langue, d’archaïsme, et il faut les finir par les très jolis vers en excellent français moderne que l’éditeur du Patelin, en guise de dédicace, a mis en tête de sa publication :

Les hoirs de défunt Patelin,
Inconnus chez Plaute et Térence,
Ont envahi toute la France,
Car ils sont bénis du Malin,
Les hoirs de défunt Patelin !

On en voit pulluler l’engeance
Sous la drap, la hure et le lin ;
Prêtre ou laïc, noble ou vilain,
Tout est de leur intelligence,
Tout cède à leur persévérance ;
Ils font si bien la révérence !
Ils parlent si doux et câlin !
On les rencontre à l’audience,
A l’église, au bal, au moulin ;
Les champs, la ville, tout est plein
Des hoirs de défunt Patelin !

Au temps des livres sur vélin,
Un honnête homme très enclin
A railler de papelardie
En fit une farce hardie,
De nos ayeux plus applaudie
Que le vieux roman de Merlin.
L’âge qui tout mène à déclin
L’ayant de sa rouille enlaidie,
Cette piquante comédie,
Digne de notre Poquelin,
Je la débrouille et l’étudie
Dans ce livre que je dédie
Aux hoirs de défunt Patelin.

S’ils prennent sous leur patronage
Cet écrit sur un badinage
Où leur maître est représenté,
S’ils le font vivre d’âge en âge
Autant que le patelinage,
Ce sera l’immortalité.


E. LITTRE.