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pas ainsi au spectacle des perturbations vulgaires de l’Espagne actuelle ?

La vie politique n’est point heureusement partout agitée des mêmes troubles. Rien ne ressemble moins aux débats intérieurs de l’Espagne que les laborieuses discussions qui remplissent depuis quelque temps la session des chambres hollandaises. La Hollande, est tout entière à des questions pratiques et utiles. Au premier rang est la mesure présentée par le gouvernement pour l’abolition des droits d’accise sur la mouture. Plusieurs propositions avaient été faites déjà par des députés. Le projet du gouvernement se distinguait de ces propositions en ce qu’il allait plus loin et abolissait les droits d’une façon plus complète. Le projet n’a point laissé de rencontrer une certaine opposition parmi quelques amis du cabinet qui, malgré l’amélioration réelle des finances, s’effrayaient d’une abolition d’impôts aussi étendue. Il s’agissait en effet d’une suppression de quatre ou cinq millions. D’autres accusaient le cabinet d’une certaine inconsistance dans cette question. Le ministre des finances, M. Vrolik, et le ministre des affaires étrangères, M. van Hall, ont vivement défendu cette réforme ; ils se fondaient sur ce qu’une abolition partielle des droits de mouture n’atteindrait nullement le but qu’on se proposait, celui de faire baisser le prix des substances alimentaires de première nécessité. Ils faisaient remarquer d’ailleurs que les bonis coloniaux étaient devenus assez réguliers pour combler le déficit créé par cette abolition d’impôts. C’est certainement la première fois qu’un gouvernement a eu à lutter pour réduire des taxes contre une chambre disposée à les maintenir. La réforme n’en a pas moins été adoptée par la seconde chambre. Un autre projet avait trait à la reconstitution de la marine. Depuis longtemps, la marine Hollandaise était dans un sensible déclin, et les chambres comme le gouvernement se préoccupent de la rétablir sur un pied respectable. Au commencement de cette année, le budget de la marine avait été repoussé, parce qu’il ne présentait pas de moyens suffisans et définis pour arriver à cette reconstitution. Ce vote amena la retraite du ministre de la marine, M. Ensly, qui fut remplacé par M. Smit van den Broecke. Le nouveau ministre a préparé tout un plan de réformes tendant à faire dominer dans la marine hollandaise la vapeur et l’hélice, et qui s’exécuterait dans un laps de temps de douze années. Une augmentation de un à deux millions de florins au budget était nécessaire pour l’exécution de ce plan. Le projet du gouvernement n’a rencontré qu’une faillie opposition, plus encore sur la forme que sur le fond, et une majorité considérable l’a sanctionné.

Il se présentait devant les chambres de La Haye deux questions d’une autre nature. La première était la convention signée avec la France pour la garantie de la propriété littéraire et la suppression de la contrefaçon. Le principe n’a point été contesté, et il ne pouvait pas l’être. Des objections ont été seulement élevées au sujet de l’égalisation des droits d’entrée et de sortie sur les livres. C’est, si l’on s’en souvient, la seconde convention de ce genre négociée dans ces dernières années ; la première, conclue en 1852, avait été repoussée par les chambres hollandaises. Le gouvernement a fait assez clairement une question de cabinet de la convention actuelle, qui est le résultat de laborieuses négociations, et qui consacre un principe juste en lui-même, outre qu’elle contient certaines concessions faites par la France