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tenait surtout à l’appareil respiratoire, ces bœufs se distinguent par la profondeur de leur poitrine. On admire en même temps la petitesse de leurs os et l’énorme développement des parties de leur corps qui donnent la viande la plus estimée.

Depuis quelques années, la race de Durham tend évidemment à se répandre en France. Sur les cinq cents animaux présens au Champ-de-Mars, une centaine environ appartenaient à cette race pure, et sur ces cent, la moitié étaient nés chez nous. Le premier prix a été obtenu par un taureau né en Angleterre chez un des plus grands éleveurs du Wiltshire, mais acheté, importé en France et présenté au concours par M. le marquis de Talhouet, propriétaire dans la Sarthe. Les deux vacheries nationales du Pin (Orne) et du Camp (Mayenne), qui en avaient exposé une vingtaine hors concours, ne sont plus seules à en avoir, et puisque l’industrie privée a commencé à s’en emparer, on peut dire que la race est désormais naturalisée.

Il n’y a pas beaucoup plus de dix ans que l’on s’en occupe sérieusement. Outre les établissemens de l’état, l’honneur de cette initiative appartient surtout à deux éleveurs qui se sont longtemps partagé les prix, M. le marquis de Torcy (Orne) et M. de Béhague (Loiret). Malheureusement ils étaient l’un et l’autre, M. de Béhague surtout, placés dans des contrées qui se prêtaient peu à l’introduction d’animaux perfectionnés. Le Loiret est en général un pays peu fertile et peu riche, voisin de régions plus disgraciées encore, où la culture ne fait que de lents progrès. L’Orne est dans des conditions meilleures, mais là se présentait un autre genre de difficultés, l’existence d’une race indigène, ancienne et estimée, qui n’a pas cédé la place aisément. Ces deux circonstances ont fait que, pendant plusieurs années, les courtes-cornes ne se sont pas répandus ; les étables de MM. de Torcy et de Béhague n’étaient que des exceptions brillantes.

La question semble résolue aujourd’hui, mais sur un autre point. Les départemens de la Mayenne et de Maine-et-Loire sont au nombre de ceux qui, par des circonstances particulières, ont fait dans ces derniers temps les plus grands progrès agricoles. Un des élémens les plus actifs de l’heureuse transformation qui s’y opère a été l’essai du sang durham. Cette contrée possédait une race particulière, la mancelle, qui n’avait pas d’assez grandes qualités pour lutter, et qui parait destinée à s’absorber rapidement. Les autres conditions agricoles et économiques se sont rencontrées. Aujourd’hui, la race courtes-cornes y pénètre jusque chez les simples métayers. Ce beau résultat est dû surtout à un homme qui soutient avec une rare énergie et une grande originalité d’esprit une véritable croisade en faveur des durham, M. Jamet, ancien représentant ; il a été aidé dans ses efforts