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Nous nous défendons, pour notre part, de toute intention de prophétiser ou d’interpréter les prophéties. Nous nous bornerons à donner, autant que possible, une idée de la manière dont le prédicateur écossais applique aux événemens contemporains les textes de l’Écriture, et en particulier des raisons qui lui font intituler son dernier livre : La Fin.

Il y a différentes manières d’envisager la fin du monde. Aux yeux de l’incrédule et du matérialiste, c’est la fin des jouissances terrestres, la fin de la richesse, la fin de la bourse, la fin du 3 pour 100. Aux yeux du croyant et du chrétien, c’est la fin du pèlerinage, c’est l’accomplissement des promesses divines, ou plutôt ce n’est pas la fin, c’est le commencement ; ce n’est pas l’occident, c’est l’aurore. Nous rappelons qu’ici nous ne voulons pas dogmatiser, mais seulement exposer. « On croirait, dit notre prédicateur, que tous les hommes devraient naturellement se réjouir en voyant les signes de la fin. Pourquoi donc ont-ils l’air terrifié quand vous leur dites qu’elle est proche ? Pourquoi disent-ils : Quelle chose effrayante ! quelle chose terrible ! Est-ce que jamais dans la Bible la fin s’est manifestée sous cet aspect ? Êtes-vous donc si épris de la maladie que vous n’ayez point soif de la résurrection du corps, qui, au lieu de la décrépitude, vous donnera la robe incorruptible de l’immortalité ? Êtes-vous tellement attachés à la souffrance, à la peine, à la douleur, à la bataille, à la famine, à la peste, que vous ayez peur d’en être débarrassés ? Est-ce qu’au contraire chaque page du livre saint ne nous mène point à cette bienheureuse conclusion, que plus la grande délivrance approche, plus le peuple de Dieu devrait se réjouir ? Est-ce qu’à travers la chute des nations, le bouleversement des trônes, la dissolution des dynasties et le bruit des batailles, il n’y a pas une voix consolante qui dit du haut des deux : Levez la tête, car le jour de la rédemption est proche ? Et si je parviens à vous montrer les quelques herbes flottant sur la mer qui indiquent que nous approchons du grand continent de la gloire, si je puis recueillir avec vous çà et là quelque petite fleur alpestre, qui, si fragile qu’elle soit, soit partout la douce messagère du printemps, tout vrai chrétien doit se réjouir de trouver les signes d’une nouvelle genèse meilleure et plus brillante que la première… »

Le docteur Cumming expose ensuite comment, dans l’accomplissement des prophéties, la terre que nous habitons doit être, non pas détruite, mais seulement purifiée et transformée. « Quand le Christ viendra, dit-il, cette terre, cette boule ronde sur laquelle nous marchons ne sera point détruite… Pourquoi donc le serait-elle ?… Otez-en le péché, ôtez-en la corruption, ôtez-en les maux de tête, les maux de cœur, l’envie, la malice, la malveillance et tous les maux que le péché a engendrés, et je ne voudrais pas un autre ciel pour y vivre. Son mal, c’est la souillure originelle du péché d’Ève et d’Adam ; faites-en sortir ce principe fiévreux, elle se rétablira : astre aujourd’hui tombé et obscurci, mais qui, racheté et restauré, reprendra sa place dans le cortège des mondes et des étoiles, le plus brillant, le plus beau, le plus noble