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II.

Dans la forêt, tout bourgeonne, tout verdit, comme oppressé d’une émotion de joie virginale. Le soleil dit en souriant du haut des cieux : Jeune printemps, sois le bien-venu !

rossignol ! toi aussi, déjà je t’entends filer de longs accens aux sanglots délicieusement tristes, et toute ta chanson n’est qu’amour.

III.

Les beaux yeux de la nuit printanière, comme ils laissent tomber des regards consolateurs ! Si l’amour t’a bien abattu, l’amour va te relever.

Sur le vert tilleul se pose et chante le doux rossignol. À mesure que son chant pénètre dans mon âme, je sens toute mon âme qui se dilate.

IV.

J’aime une fleur, mais je ne sais pas laquelle ; c’est de là que vient ma peine. Je regarde dans tous les calices, et j’y cherche un cœur.

Les fleurs exhalent leurs parfums dans le crépuscule du soir, le rossignol chante ; je cherche un cœur aussi beau que le mien, aussi tendrement ému.

Le rossignol fait éclater son chant, et je comprends la douce mélodie. Tous les deux, nous sommes si oppressés et si inquiets, ah ! si inquiets et si oppressés tous les deux !

V.

Mai est venu, les plantes et les arbres fleurissent, et dans les bleus espaces du ciel on voit passer les nuages roses.

Les rossignols chantent du haut de la feuillée, les blancs agneaux bondissent au milieu des vertes et tendres tiges de trèfle.

Moi, je ne puis ni chanter ni bondir ; je suis couché malade dans l’herbe. J’écoute une sonnerie de clochettes lointaines, et je rêve… je ne sais à quoi.

<center<VI.}}

Doucement, au fond de mon cœur, j’entends les tintemens d’une mélodie gracieuse. Résonne, petite chanson printanière, résonne et envole-toi dans l’espace.

Envole-toi dans l’espace, va jusqu’à la demeure où les plus belles fleurs s’épanouissent. Si tu aperçois une rose, dis-lui que je lui envoie mes plus empressés complimens.

VII.

Le papillon est amoureux de la rose, il voltige mille fois autour d’elle ; lui-même, un rayon de soleil le caresse amoureusement de sa lumière d’or.