Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/1275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES INTÉRÊTS
DU NORD SCANDINAVE
DANS LA GUERRE D’ORIENT


III.


RELATIONS ENTRE LA SËDE ET I.A RUSSIE SOUS CHARLES XIII. — ÉLECTION DE BERNADOTTE.





I.

L’acte du 13 mars 1809, qui plaçait sur le trône de Suède le frère de Gustave III[1], n’avait pas été seulement un heureux coup de main opéré par les chefs de l’armée pour retenir le royaume sur le penchant de l’abîme où l’entêtement de Gustave IV menaçait de l’entraîner; il fut aussi le signal d’une révolution déjà faite dans les esprits, et qui allait s’établir dans les mœurs. La Suède ne voulait plus de l’absolutisme, et elle entendait mettre en pratique les idées libérales que le commencement du siècle avait vues de toutes parts se développer et grandir. Une constitution fut préparée, discutée et rédigée en quatorze jours par la diète suédoise. Le duc de Sudermanie, frère de Gustave III, l’accepta le 5 juin et fut élu roi. Il s’était distingué pendant sa jeunesse à la tête de la marine suédoise contre les Russes. Régent après la mort de Gustave, il avait laissé le pouvoir à un favori. C’était alors un vieillard précoce, faible d’esprit, tout livré aux appâts d’un mysticisme bizarre, épris des sciences occultes,

  1. Voyez, sur la révolution du 13 mars, la livraison du 1er juillet dernier.