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m’en rapporter, pour le redressement de mes torts, à la prudence et à l’éloquence de mon guide, et c’était sans contredit le meilleur parti à prendre. L’Arabe ne nous quitta qu’après nous avoir vu rebrousser chemin.

Jérusalem n’est pas seulement la cité du Christ, elle est aussi la ville des rois et des prophètes. À côté des souvenirs de l’Évangile, on y rencontre ceux de la Bible. À Jérusalem d’abord, il y a les grottes d’Isaïe et les tombeaux des rois ; aux environs de la ville, les jardins de Salomon ; plus loin encore, le Jourdain et la Mer-Morte. En résumant quelques impressions sur ces lieux qu’on a souvent décrits, j’achèverai ma promenade à travers la Jérusalem historique et ses environs, pour arriver ensuite à la Jérusalem vivante, au milieu de laquelle j’ai passé les premiers jours du printemps de 1851.

Les grottes d’Isaïe m’ont offert l’occasion de remarquer une fois de plus l’intelligence avec laquelle les Orientaux, Turcs ou Arabes, savent choisir pour leurs habitations les sites les plus pittoresques. À quelques pas de Jérusalem, au milieu de champs abrités par de magnifiques oliviers, s’élève une colline rougeâtre, entre les parois de laquelle un étroit passage a été pratiqué. Ce passage mène à la grotte d’Isaïe, vaste cavité toute tapissée de plantes grimpantes. Entre le passage et l’entrée de la grotte, on remarque une sorte de petit jardin ombragé par les larges rameaux d’un vieux figuier. C’est là que vit un santon qui m’a paru fort heureux. Je ne sais si ces moines musulmans font vœu de pauvreté, mais je suis convaincue qu’ils ne possèdent rien, et que ce dénuement extrême ne leur est nullement à charge. Le santon de la grotte d’Isaïe a un avantage sur ses confrères, c’est de mener cette vie singulière en face d’une nature admirable. Il a fait preuve d’un goût exquis dans le choix de sa résidence, et ce goût caractérise, je le répète, les Arabes aussi bien que les Turcs. Les uns et les autres savent toujours trouver pour leurs villages l’emplacement le plus commode, les plus frais ombrages et les plus belles eaux.

De la grotte d’Isaïe, on n’a pas un long chemin à faire pour arriver au tombeau des anciens rois d’Israël. Pour peu qu’on s’avance au milieu de ce labyrinthe de bosquets et de rochers, on rencontre bientôt un vieux mur, qui sert d’enceinte à une espèce de cour. Sur la porte est sculpté un bas-relief représentant une guirlande de pampres, qu’il me paraît difficile d’attribuer à l’époque des rois d’Israël et à la nation juive. On passe à genoux sous ce portail ; on entre moins aisément encore dans les salles souterraines qui forment le tombeau. Ces salles sont vides ; autrefois elles communiquaient entre elles par de massives portes en pierre qu’on a enlevées de leurs gonds, et qui gisent sur le sol. La seule impression qu’on éprouve