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l’Étoile du Nord resta comme vaisseau de dépôt, sous le commandement du capitaine Pullen. Belcher lui-même s’engagea dans le canal de Wellington, et envoya le capitaine Kellett vers l’île Melville, dans la direction de l’ouest. Belcher visita les îles Dundas et Baillie-Hamilton, les côtes orientales du canal de la Reine; puis il alla jeter l’ancre à Northumberland Sund, dans le passage de Penny. Avant le commencement de l’hiver, il fit une excursion avec ses lieutenans Richards et Osborn, et arriva en traîneau jusqu’à la partie septentrionale du pays de Grinnell. De là il se dirigea en canot vers le nord, jusqu’à une grande terre inconnue, qu’il nomma la Cornouaille du nord. La traversée ne fut pas sans danger: le canot était beaucoup trop chargé, et dans toute la largeur du passage qu’il fallait franchir, la mer roulait d’énormes glaçons, dont quelques-uns avaient jusqu’à quarante pieds d’épaisseur. La puissance et la régularité du flux dans ce détroit firent croire à Belcher qu’il était lié aux passages de Smith et de Jones, qui s’ouvrent dans le fond de la baie de Baffin, et qu’il formait avec eux une communication aboutissant à la grande mer polaire. Il fallut revenir aux quartiers d’hiver; mais aussitôt que les mois fastidieux de la nuit arctique furent écoulés, on se prépara à de nouvelles excursions. Pour multiplier les recherches, chacun des officiers se mit à la tête d’une expédition.

Cette fois Belcher se dirigea vers l’est pour retrouver, s’il était possible, le passage de Jones. Il dépassa les liantes falaises qui forment l’extrémité orientale du pays de Grinnell, franchit le golfe qui le séparait du Devonshire du nord proprement dit, et découvrit bientôt une mer dont les flots se déroulaient librement devant lui, où s’élevait une île, la plus méridionale d’un archipel qui reçut le nom de Victoria. On ne pouvait aller plus loin en traîneau, et Belcher dut revenir sans avoir atteint le passage Jones, de crainte qu’il ne lui fût plus possible de repasser les glaces, et qu’il ne se trouvât séparé de ses communications dans ces horribles solitudes. Pendant ce temps, un de ses lieutenans. Richards, allait explorer la partie septentrionale de l’île Cornwallis et visiter le capitaine Kellett à la petite île Dealy, où il avait établi ses quartiers d’hiver. Le lieutenant Osborn entreprenait l’exploration des côtes occidentales du canal de la Reine, et faisait plus de 1,200 milles le long de ces falaises sauvages et abruptes.

Mais c’est aux officiers emmenés par le capitaine Kellett qu’il était réservé de faire les plus importantes découvertes de cette campagne. Avant même le commencement du premier hiver, le lieutenant Mac Clintock était déjà allé établir ses premiers dépôts et visiter les alentours de la grande baie, ouverte dans la partie septentrionale de l’île Melville, et qui porte le nom des deux vaisseaux que Parry