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paraisse cette difficulté, il ne serait point impossible cependant que le gouvernement américain évitât de pousser les choses à l’extrême, d’autant plus que son ambition est mieux servie par l’anarchie intérieure de la république mexicaine que par tout ce qu’il pourrait faire. C’est un étrange sentiment qui commencera percer aux États-Unis. On trouve que ce n’est point la peine de faire la guerre ou de négocier des cessions de territoires à prix d’argent pour avoir lambeau par lambeau cette malheureuse contrée qui se livre d’elle-même.

CH. DE MAZADE.


SCIENCES.

DE LA CONSTITUTION INTÉRIEURE DU GLOBE TERRESTRE

ET DES TREMBLEMENS DE TERRE.
Pandere res alla terra et caligine menas.

Faire connaiire ce quii est caché dans les profondeurs de la terre.

( VIRGILE.)

L’homme, qui se donne le titre fastueux de souverain de la nature, n’a point encore pris possession de son empire prétendu. Il respire en rampant à la surface de la terre, suivant l’expression d’Homère ; il est confiné dans les régions inférieures de l’atmosphère, et s’il tente de s’élever de quelques milliers de mètres, l’air lui manque et le froid l’arrête. À ne considérer que la région qui lui est accessible, il n’a pas encore occupé, pas même exploré tous les pays où sa race pourrait foisonner dans l’abondance des produits animaux et végétaux du sol et de la mer. Les cinquante millions d’habitans de l’Amérique sont d’une date toute récente, provenant des populations européennes, et principalement de la race espagnole et de la race anglaise. Que dire de l’Australie, de la Californie et de quelques autres points du globe où l’homme s’acclimate et se développe ? La géographie, dont le nom indique une science ayant pour objet la description ou le tableau de la terre, est encore loin d’être complète. La météorologie s’élève un peu plus haut, elle a pris pour domaine tout cet océan aérien qu’on appelle l’atmosphère, et qui entoure de ses flots sans rivages et la terre et les mers, qu’il recouvre sur une profondeur d’environ soixante kilomètres. Par-delà, en s’élevant encore, l’astronomie quitte la terre, suivant la belle expression d’Aristote, et atteint, par l’observation et par l’œil divin de la pensée, les limites du monde perceptible à nos sens.

Autant le génie de l’homme s’est montré actif pour monter de plus en plus dans le théâtre des contemplations accessibles aux sciences d’observation, autant il semble avoir dédaigné la connaissance de la nature du sol qui le porte, et auquel il est cloué à perpétuité, on peut le dire, car les rares ascensions des pics neigeux de l’ancien monde, les expéditions aéronautiques, encore moins fréquentes, ne sont pas même pour la race humaine ce que sont pour les habitans des mers le vol de certains poissons qui ne s’élèveut quelques instans en l’air que pour retomber lourdement au sein