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STATISTIQUE MORALE





DU SYSTÈME PÉNAL EN FRANCE


LA PEINE DE MORT, LE BAGNE ET LA PRISON.





On était en 1817, et l’émotion des luttes dans lesquelles avait succombé l’empire se calmait à peine. Des cours prévotales organisées par la chambre introuvable, des conseils de guerre dont les membres s’honoraient de n’avoir jamais tiré l’épée contre l’étranger, des jurys où les préfets faisaient siéger vingt-deux émigrés, montraient une fois de plus combien l’invasion de la politique dans la distribution de la justice est dangereuse pour les gouvernemens. C’est alors que parut à Paris un livre intitulé De la Justice criminelle en France, Outre un rare mérite intrinsèque, l’ouvrage avait la bonne fortune d’arriver dans un moment où il était nécessaire et pour ainsi dire attendu. La sensation qu’il produisit fut rapide et profonde ; chaque lecteur sembla recevoir une révélation des garanties qui devaient rendre la sécurité au présent et conjurer les maux de l’avenir : les persécuteurs rougirent de l’odieux de leur rôle, ils pâlirent de leur isolement, et, il faut le rappeler à l’honneur de la magistrature, ce fut dans ses rangs que les réformes réclamées trouvèrent l’appui le plus efficace.

Trente-huit ans se sont écoulés, et les impressions de cette époque sont maintenant bien effacées ; mais les honnêtes gens qui se dévouent à la propagation du bien se sentiraient assurément encouragés, si l’on récapitulait aujourd’hui devant eux les propositions qui, pendant cette période, sont passées du livre de M. Bérenger dans