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REVUE MUSICALE.




LES SOCIETES MUSICALES ET LES CONCERTS.





Les concerts n’ont pas été cette année moins nombreux que les années précédentes. Les artistes, les virtuoses de troisième et de quatrième ordre s’obstinent toujours à venir dresser leur tente au milieu de cette foule distraite qui traverse Paris, et qui ne se laisse plus prendre, ni à la grandeur matérielle des affiches qu’on lui met sous les yeux, ni aux promesses fallacieuses avec lesquelles on s’efforce de piquer sa curiosité. Le public semble se dire, en voyant tant de folles vanités courir au-devant de la renommée : Qui trompe-t-on ici et que me veulent ces pauvres gens ? Qui a tort et qui a raison dans cette lutte qui se prolonge depuis quelques années, du public indifférent ou des artistes qui sollicitent vainement son attention ? Sommes-nous arrivés à cette période de satiété où nos facultés, épuisées par des jouissances trop vives, n’apprécient plus ni le bien ni le mal, ni le beau ni le laid, ou bien l’éducation musicale de la classe aisée qui fréquente les théâtres et surtout les concerts a-t-elle fait une évolution dont les artistes, et particulièrement les virtuoses, n’auraient pas conscience ?

Il y a un fait incontestable, c’est que le goût et l’enseignement de la musique ont fait, depuis cinquante ans, de très grands progrès en France. La création du Conservatoire, celle de l’école Choron, la vulgarisation des élémens de la musique dans les classes ouvrières par la méthode Wilhem et de ses émules, le grand mouvement de la musique dramatique qui a produit à l’Opéra Spontini, Rossini et Meyerbeer, à l’Opéra-Comique Cherubini,