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subséquent, et prend une épaisseur capable de servir de fond et de bassin aux eaux et aux liquides, qui abandonnent sans retour l’atmosphère pour former les mers des divers âges. Ces dépôts fluides réagissent, ainsi que l’atmosphère elle-même, sur les matières combustibles ou salifiables de la partie solide. Par un refroidissement prolongé du noyau, et par suite de sa réduction à un plus petit volume, la croûte enveloppante, portée sur un noyau devenu trop petit, se brise à plusieurs époques dont les périodes deviennent d’autant moins fréquentes, que cette croûte prend plus d’épaisseur et de solidité. Enfin, le refroidissement général étant devenu suffisant, la vie apparaît à la surface du monde.

Nous voilà en pleine géologie et à la seconde époque de l’existence de notre globe. Cette seconde époque embrasse la suite de son histoire jusqu’au moment de l’apparition, comparativement très récente, de l’homme sur la terre. À partir de cette dernière transformation de l’aspect de notre planète, on n’observe plus que des influences très limitées des grandes causes qui ont à plusieurs reprises bouleversé la nature entière ; mais les changemens météorologiques qui stérilisent ou fertilisent de vastes étendues de sol à la surface de la terre ne sont guère moins importans pour la race humaine que les changemens géologiques. D’ailleurs ceux-ci persistent encore par des effets séculaires très manifestes. Jusqu’à ce jour, ceux qui cultivent les sciences d’observation, trop amoureux de la gloire qui suit les recherches originales, n’ont pas songé à coordonner les acquisitions de la science et à compter les joyaux de leur trésor enfoui, dont ils ne font aucune part au public. Cependant, lorsqu’en répondant seulement aux questions des amateurs de la science, on voit combien leur imagination saisit de rapprochemens ingénieux, de points de vue nouveaux et importans, d’idées fécondes et originales, on ne peut s’empêcher de regretter qu’il n’y ait pas plus d’ouvrages destinés à l’exposition des vérités scientifiques, où chacun puiserait suivant sa portée et ses besoins, Bacon a vanté la science des ateliers où l’ingéniosité de l’homme est sans cesse stimulée par le besoin d’obtenir un résultat pratique. Que dire de la science des salons, où la pensée, libre des soins matériels, est un plaisir comme un besoin ? Il ne s’agit que de savoir écouter, et non pas de vouloir exclusivement se faire écouter. L’initiation de la société à la science en général était le grand but que s’étaient proposé les encyclopédistes dans le siècle dernier. Les sociétés semblent demander aujourd’hui ce qu’on semblait leur imposer il y a un siècle. J’entrevois que pour la société française en particulier, tant pour les hommes de loisir que pour les travailleurs obligés, l’exposition universelle de l’industrie qui va s’ouvrir sera une école qui déterminera