Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/628

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eurent part à la gloire de la journée furent quarante-deux compagnies de tous les régimens d’infanterie de l’armée, et les carabins des gardes. Les deux pelotons de la compagnie des grenadiers à cheval de la maison du roi étaient commandés par MM. de Riotot et de Roquever. Les auteurs de l’époque racontent que l’air sauvage et martial des grenadiers produisit une vive impression sur l’ennemi, peut-être à cause des grandes moustaches ou du bonnet de fourrure à l’esclavonne qu’ils portaient; la barbe, comme on sait, depuis la mort de Henri IV, était passée de mode. Du reste les grenadiers, comme toutes les troupes dites de la maison du roi, servaient tantôt à pied, tantôt à cheval.

« Tous les matins (dit le bourgeois de Valenciennes que nous avons déjà laissé parler), la plupart des soldats et des bourgeois armés rentroient en ville pour aller quérir leurs nécessités. Cette fois la nuit avoit été plus fatigante que de coutume; il ne resta de garde dans les dehors de la porte d’Auzin, ce jour-là, que la compagnie de M. de Pitte-Pance, seigneur de Montauban, dont plusieurs soldats encore s’étoient absentés pour soigner leurs maisons, situées sur lu paroisse de Saint-Jacques, lesquelles étoient fort exposées à la ruine et à l’incendie des bombes, toutes les autres compagnies de bourgeois et celle de la jeunesse qui avoient veillé au dehors étant rentrées en ville pour prendre un peu de repos. » Le duc de Luxembourg, à qui était confié le commandement des troupes d’assaut, passa la nuit dans la tranchée à reconnaître tous les lieux qu’on devait insulter le lendemain.

A huit heures, neuf coups de canon donnèrent le signal de l’attaque, et les colonnes se précipitèrent dans le fossé. Le marquis de La Trousse et le comte de Saint-Géran, à la tête des gardes et de Picardie, assaillirent le front de l’ouvrage couronné. L’attaque de droite fut composée des grenadiers à cheval, soutenus de la première compagnie des mousquetaires, les gris[1], et d’un détachement des gardes, sous les ordres de MM. de La Tournelle et d’Avegeant.

  1. Les noms de mousquetaires gris et noirs provenaient de la robe des chevaux des deux compagnies.