les calmes qu’on rencontre souvent vers les tropiques, par les dangers que présente la côte occidentale d’Afrique et par les difficultés qu’éprouvent si généralement les navires pour doubler le cap de Bonne-Espérance.
Ainsi les argumens qu’on a cherché à tirer contre le canal des difficultés propres à la Mer-Rouge ne sont en aucune façon justifiés par les faits. Ces argumens sont cependant la base sur laquelle est établi le système des partisans du chemin de fer, comme solution exclusive de la communication des deux mers. Si en effet la Mer-Rouge n’était praticable que pour les bateaux à vapeur, si la grande masse du commerce des Indes devait, quoi qu’il arrive, continuer à suivre la voie du Cap, un chemin de fer, moins dispendieux, plus facile à exécuter que le canal, satisferait aussi bien et même mieux à tous les besoins du trafic de voyageurs et de marchandises précieuses, qui seul pourrait user de la voie de l’isthme. Les partisans du chemin de fer se bornent en général à présenter leur projet comme une solution très incomplète du problème; quelques-uns cependant soutiennent que, dans tous les cas et en admettant la navigabilité de la Mer-Rouge, la solution du chemin de fer serait encore la meilleure. Il convient donc d’examiner jusqu’à quel point cette assertion est fondée.
Ce système présente d’abord une difficulté capitale; il entraîne deux transbordemens et quatre manutentions successives de la marchandise; c’est là un vice radical dans une communication commerciale aussi importante que celle de l’Europe avec l’Inde. Il en résulterait, en temps, en argent, en avaries ou inconvéniens de toute sorte, des pertes incalculables qui rendraient cette voie de communication bien inférieure à celle qui est aujourd’hui usitée. Les avantages que présenterait le chemin de fer de l’isthme au point de vue de la vitesse sont incontestables en ce qui concerne les voyageurs et la messagerie, mais ils disparaissent complètement lorsqu’il s’agit de marchandises. On peut admettre en effet qu’un navire du commerce marchant nuit et jour, haie, s’il est de faible tonnage, par des chevaux organisés en relais, et, dans le cas contraire, par un remorqueur à vapeur, fera, vu la lenteur nécessaire pour la conservation des talus, seulement 100 kilomètres par jour, et que, tous retards compris, il parcourra le canal en quatre jours pleins, en sorte que, le cinquième jour après son entrée dans le canal, il sera à la voile dans l’autre mer.
A côté de ce résultat, supposons un navire de 600 tonneaux arrivant à Suez, et admettons qu’un autre navire, nolisé et préparé d’avance, attende à Alexandrie le chargement du premier; on aura