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crois fermement, quant à moi, que le problème de cette traversée est susceptible d’une solution satisfaisante. Dans tous les cas, il conviendrait de ne recourir à la combinaison coûteuse, mais sûre, d’un pont-canal, qu’après s’être assuré par des études plus complètes et par

Quelque difficile et quelque dispendieuse que soit d’ailleurs l’exécution d’un pont-canal sur le Nil, ce travail ne dépasserait en rien les ressources actuelles de l’art de l’ingénieur. L’emploi du fer permet aujourd’hui de franchir les grands cours d’eau par des arches à grande ouverture et par conséquent au moyen d’un petit nombre de piles; le système des tubes en fonte, spécialement approprié à la nature du fond du Nil, simplifie et facilite l’opération délicate de la fondation. Ces ressources et beaucoup d’autres, dont les ingénieurs disposent aujourd’hui, permettent d’aborder sans hésitation des œuvres qui, il y a peu d’années, auraient été considérées comme impossibles. Si donc la possibilité d’un passage à niveau dans le Nil laisse des incertitudes, l’exécution d’un pont-canal n’en présente aucune; c’est une question de dépense, et par ce procédé la solution est assurée, et le succès certain.

Je viens maintenant aux projets qui ont pour objet la communication directe entre les deux mers. En ce qui concerne le canal proprement dit, les difficultés sont beaucoup moindres sur cette direction, où l’on ne rencontre aucun obstacle qui puisse être comparé à la traversée du Nil. Par malheur, cet avantage est plus que compensé, comme on le verra tout à l’heure, par les inconvéniens que présente l’embouchure du canal dans la Méditerranée.

Le premier système de canalisation directe, celui qui avait été proposé au khalife Omar par son lieutenant Amrou, peut être réalisé très simplement au moyen des dispositions suivantes : une rigole d’alimentation navigable, et rattachant ainsi la ville du Caire au canal des deux mers, amènerait, en suivant à très peu près le tracé de la branche orientale du projet que je viens d’examiner, les eaux du Nil, prises à la retenue du barrage, dans un grand bief de partage, dont la ligne d’eau pourrait être établie à la cote 9 mètres, et qui s’étendrait de Serapeum à Ras-el-Moyeh, près du lac Ballah. Les deux versans du canal, desservis chacun par quatre écluses, s’étendraient, l’un de Serapeum à Suez, suivant le tracé déjà décrit, l’autre de Ras-el-Moyeh à Tineh. La longueur de ce tracé serait en totalité de 144,000 mètres, savoir :


Bief de partage 33,000 mètres.
Branche de Suez 63,000
Branche de Tineh 48,000
Total 114,000 mètres.