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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 avril 1855.

Opérations des armées, négociations de la diplomatie, effort suprême de conciliation, préoccupations publiques, tout se réunit pour faire du moment présent comme un dernier et étroit terrain — où s’agite avec une solennité particulière la plus grande question qui puisse émouvoir des peuples, celle de la paix et de la guerre. Il n’est personne qui ne le sache, il n’est personne qui n’en ait l’invincible instinct : c’est pour longtemps peut-être que les destinées de l’Europe vont être fixées, c’est-à-dire que la conférence réunie à Vienne tient dans ses mains les droits et la sécurité de l’Occident, l’équilibre de tous les pouvoirs, la vie de milliers d’hommes, une multitude d’intérêts de tout genre subordonnés à sa décision. Dans une telle conjoncture, scruter le mystère de chaque eut revue diplomatique, interroger les variations de l’esprit public ou chaque souffle de l’atmosphère serait la plus puérile des cherches. Une seule chose est certaine jusqu’ici : les conférences de Vienne continuent, elles sont mêmes rehaussées aujourd'hui par la présence du ministre des affaires étrangères de France, par l’arrivée du ministre des affaires étrangères de la Sublime-Porte, et prennent les proportions d’un congrès. D’un autre côté, la paix est loin d’être faite ; elle est peut-être autant un problème qu’au premier moment. C’est ce problème qui est sur le point d’être résolu, et la gravité exceptionnelle de la situation présente de l’Europe résulte justement de ce court espace laissé à l’incertitude, de cette alternative de quelques jours entre la possibilité d’une paix suffisamment rassurante et la nécessité d’une guerre prolongée, plus générale peut-être, où entreront inévitablement des élémens nouveaux qu’on peut prévoir, sans compter ceux qu’on ne prévoit pas. On ne saurait donc aujourd’hui que résumer les points principaux de cette situation avec ses chances diverses et les difficultés d’où peut dépendre encore une solution favorable.

S’il s’agissait d’une question théorique posée entre la paix et la guerre, as-