fils, on se fût souvenu que lui-même était le propre neveu du roi détrôné, et il eût bien pu accompagner Collatin dans son exil. Valerius De fut-il pas obligé, pour rassurer l’inquiétude populaire, de quitter sa maison placée sur la hauteur de Velia, hauteur qui n’était pas très formidable, car les siècles l’ont fait disparaître, et on n’est pas bien d’accord sur son emplacement ? La guerre contre les Tarquins a un caractère d’animosité qui arrive au comble dans le combat décisif livré près du lac Régille, combat plus terrible, plus acharné que tous les autres. Quam cœtera gravius atque atroius, dit Tite-Live.
Dans le récit des premières années de la république romaine, on sent comme un souffle violent de haine contre la royauté étrusque. C’est une haine de caste et de race. Les Étrusques avaient civilisé sans doute, mais opprimé les Romains. Ce peuple brise avec violence les lisières qui ont pu le soutenir et le guider, mais qui l’ont rudement meurtri. Il conservera dans sa civilisation beaucoup de traces du régime étrusque, mais il est entièrement émancipé de ce régime, et il va se développer suivant ses vrais instincts, ses instincts latins, qui n’ont rien de commun avec la civilisation à demi orientale de l’Étrurie, L’affranchissement du joug étranger et la liberté politique commencent pour lui une ère nouvelle. On s’apercevra toujours à certains signes extérieurs que Rome a été étrusque, mais chacun de ses actes montrera qu’elle ne l’est plus.
Pendant les deux premiers siècles de la république, les monumens conservés manquent tout à fait. Le pouvoir nouveau n’impose plus au peuple ces efforts qui avaient produit les grands ouvrages de l’époque royale, et avaient contribué à amener l’abolition de la royauté. Ce n’est pas que les arts soient stériles. Outre la statue de Brutus, nous savons où étaient placées celles d’Horatius Coclès et de Clélie ; l’histoire en mentionne plusieurs autres, mais il n’est rien resté de ces statues, qui étaient probablement dans le goût étrusque. On ne construit plus de temples comme celui de Jupiter Capitolin ; on en construit un grand nombre dans de plus petites dimensions, et qui, pour cette raison, avaient moins de chances de survivre. C’est le despotisme qui a élevé les plus vastes monumens de la terre, et nous verrons les proportions colossales reparaître dans l’architecture au temps des empereurs. S’il est fâcheux pour nous qu’il ne reste aucun monument des premiers temps de la république, il faut féliciter les Romains qu’il en soit ainsi ; au point de vue de l’histoire, cette absence est regrettable, mais elle est elle-même de l’histoire. Pour cette période, nous en sommes réduits à mentionner des monumens dont il ne subsiste plus rien, dont nous ne connaissons pas toujours bien l’emplacement, mais que nous savons avoir existé à Rome ou dans le voisinage de Rome. Je me bornerai à indiquer