Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appelées ganglions sont placées au-dessous du tube digestif et composent la chaîne ganglionnaire. Le cerveau est relié au premier ganglion, celui-ci au second, etc., par des filets de communication appelés connectifs. Dans notre chenille, chaque anneau du corps possède un ganglion, et par conséquent on en compte douze en tout, disposés à des distances sensiblement égales à l’exception des deux premiers qui sont moins éloignés. Le cerveau très petit se compose de deux lobes lisses joints obliquement et ne fournit que quelques grêles filets nerveux.

Deux jours après la transformation en chrysalide, la chaîne a perdu le quart de sa longueur, et divers mouvemens de séparation et de concentration se manifestent. Certains ganglions semblent marcher l’un vers l’autre, d’autres paraissent au contraire s’éloigner. Dès le huitième jour, la chaîne est raccourcie de moitié. Au quatorzième, le premier ganglion et le cerveau se sont rapprochés de manière à entourer presque immédiatement l’œsophage avec leurs connectifs; le quatrième et le cinquième ganglion sont soudés; le sixième et le septième sont à peine marqués. Alors survient le temps d’arrêt causé par l’hivernage. Puis le mouvement recommence, et quand il s’arrête, bien après la dernière transformation apparente de la piéride, on ne trouve plus que huit ganglions. Le second et le troisième, le quatrième et le cinquième se sont fondus ensemble de manière à former deux grosses masses très rapprochées et placées dans la poitrine; le sixième et le septième ont complètement disparu, et la place qu’ils occupaient n’est plus marquée que par l’origine des nerfs; les cinq derniers n’ont subi que peu ou point de changement. Enfin le cerveau lui-même a presque doublé de volume, ses lobes sont maintenant placés en travers, et chacun d’eux donne naissance à un énorme nerf optique correspondant à un œil composé[1].

Les changemens qu’éprouvent les appareils de la circulation et de la respiration sont loin d’avoir été étudiés avec autant de détail que

  1. Pour cette courte revue des transformations que subissent les centres nerveux, nous avons choisi l’ouvrage d’Hérold, parce que les recherches de cet auteur portent sur l’ensemble du développement d’une espèce dont nous pouvions compléter l’histoire, grâce aux travaux de Rêaumur; mais les personnes curieuses d’approfondir l’étude du système nerveux des insectes devront consulter avant tout les mémoires consacrés à ce sujet par Newport, naturaliste anglais, prématurément enlevé à la science. Son travail sur le système nerveux du sphinx, du troène (sphinx ligustri) est un vrai chef-d’œuvre d’investigation intelligente, de démonstration précise, de déductions vraiment scientifiques. Il a suivi non-seulement jour par jour, mais heure par heure, dans certains cas, les modifications de cet appareil dans l’espèce qui faisait le but principal de ses études, et dans le papillon de l’ortie (p. urticœ). Il montre, par exemple, qu’il suffit d’une heure pour amener dans la forme du cerveau, dans le volume et la disposition des nerfs optiques, des changemens très appréciables. (On the nervous system of the sphinx ligustri. — Philosophical Transactions, 1832. )