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faits, les uns dénués d’importance, les autres altérés et discrédités. Même sur ce point, il est essentiel de ne pas lui laisser le dernier mot.

J’écarte à dessein les exemples que l’auteur emprunte à la navigation lointaine et à l’industrie minière ; ce ne sont pas là des associations véritables, mais simplement des tâches à forfait dont le produit se répartit, suivant des règles particulières, entre ceux qui les ont exécutées, les seules qui puissent servir de types généraux et ne soient pas des anomalies.

Après les événemens de 1848, aucune idée n’eut plus de cours que celle des associations d’ouvriers dans un certain public ; ce fut la fausse monnaie du moment. Les hommes auxquels l’empire appartenait semblaient avoir condamné le salaire comme incompatible avec les temps nouveaux. Au lieu d’y voir ce qu’il est en effet, la part naturelle de l’ouvrier, déterminée par le prix même des choses, dominée d’ailleurs par la grande loi de l’industrie, la concurrence, ils ne voulaient y reconnaître qu’un mode de rétribution arbitraire, humiliant, oppressif, bien inférieur au service rendu, hors de proportion surtout avec les bénéfices qui en résultent pour l’entrepreneur. De là de tristes essais, par exemple celui des ateliers de Clichy. Il n’en fallut pas davantage pour que l’esprit d’imitation s’en mêlât, et qu’on vît s’élever sur mille points, et de proche en proche, ces tristes établissemens auxquels l’équerre et le niveau servaient d’enseigne et de décoration. Qui n’en a rencontré en son chemin et qui ne s’en souvient ? Ce fut une affligeante bouffonnerie. Au fond de chacune de ces associations qu’y avait-il de réel ? Deux ou trois personne se jouant de la crédulité publique[1].

  1. Pour juger sainement ces associations, nées d’une crise et qui n’y ont guère survécu, il faudrait avoir d’autres éléments que ceux qui Il faut convenir néanmoins qu’il y en eut, dans le nombre, d’une composition moins suspecte et d’un caractère plus sérieux. Quelques corps d’état, les tailleurs, les lampistes, les facteurs de piano, les corroyeurs, les tourneurs en chaises, les ébénistes, virent s’élever dans leur sein des associations qui luttèrent vaillamment contre la crise sous laquelle toutes les industries succombaient alors. Elles eurent principalement pour objet de faire tête à l’onage et de ranimer le travail à l’aide de moyens désespérés. Plusieurs parvinrent à se composer, à l’aide de prélèvemens sur les salaires, une première mise de fonds, et déployèrent dans cette poursuite ingrate un dévouement et une abnégation auxquels il était naturel d’applaudir. Aussi les historiographes et les panégyristes ne manquèrent-ils pas ; il y eut là, pour ces associations, un moment fugitif et une sorte de vogue. Soit calcul, soit curiosité, des ministres, des hommes d’état voulurent s’assurer par eux-mêmes de leur situation, interroger les ouvriers, les surprendre au travail et s’enquérir de leurs règlemens intérieurs. Ce fut un tribut payé à la nouveauté ; on dirait qu’en écrivant son livre, M. John Stuart Mill se trouvait encore sous l’empire de ce sentiment.