Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/1178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
I
LE CARDINAL


DE MAZARIN




DEUXIEME PARTIE[1]




I.

Mazarin n’était parvenu ni par la guerre, ni par l’intrigue, à conjurer les périls qui allaient le menacer au sein de la toute-puissance. Cinq années de victoires n’avaient point popularisé une lutte qu’on l’accusait de continuer dans un intérêt personnel. Bien loin de s’être concilié les princes de la maison royale en les plaçant à la tête des armées, il avait étendu leurs prétentions avec leur puissance, et en se faisant le complaisant de tous les hommes dont il attendait quelque chose, le ministre avait suscité plus de convoitises qu’il ne s’était ménagé de dévoûmens. De toutes parts déjà se révélaient les symptômes de la crise qui fut l’une des plus sérieuses en même temps que des plus stériles de notre histoire, parce qu’il ne se vit jamais de plus complet contraste entre l’importance des questions soulevées et l’insuffisance des hommes appelés à les résoudre. Nous avons à indiquer d’abord ces questions, issues du long travail des siècles, puis à mettre en face d’elles les personnages chargés d’en provoquer la solution.

Pendant que la France était en voie d’acquérir la plénitude de son développement intellectuel et territorial, les principes de sa constitution

  1. Voyez la livraison du 1er juin.