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III. — TRANSFORMATIONS DES MAMMIFÉRES HORS DE L’ŒUF.

Après cette observation, dont l’étude des animaux à métamorphoses fera comprendre toute l’importance, revenons à nos mammifères. Nous avons vu leur développement présenter d’abord une activité comme tumultueuse, puis successivement tous les organes ont paru, les formes se sont arrêtées, les proportions se sont fixées, les rapports se sont consolidés. L’embryon est devenu fœtus; il a pris des forces suffisantes pour affronter le monde extérieur. Maintenant il est né : ses poumons, son appareil digestif sont en fonction; sa circulation est définitivement réglée. Le mouvement va-t-il enfin faire place au repos dans cet organisme tant de fois repétri jusque dans ses derniers détails? Nous avons vu, dès la première page de cette étude, comment la balance répond à une semblable question. Et d’ailleurs est-il ici besoin d’interroger les instrumens de précision, d’étendre même nos observations aux animaux? L’enfant ressemble-t-il au jeune homme, et l’adulte au vieillard? Qui ne sait que chaque âge altère plus ou moins en nous formes et proportions? et comment se rendre compte de ces changemens sans admettre que nos organes sont le siège de mouvemens et de modifications continuels?

De toutes les époques qui se partagent l’existence extérieure d’un animal, la plus remarquable, au point de vue qui nous occupe, est, sans contredit, celle où l’individu devient apte à se reproduire. Ce moment, dans un très grand nombre d’espèces, s’annonce par des phénomènes faciles à saisir. Mammifères, oiseaux, reptiles et poissons quittent dès lors la livrée du jeune âge et revêtent les couleurs de l’adulte. Ce ne sont pas seulement des caractères superficiels qui changent, ce ne sont pas même seulement quelques organes spéciaux qui se complètent, quelques fonctions jusque-là endormies qui s’éveillent et viennent mêler leur influence, parfois dominante, à toutes celles qui jusque-là régnaient sur l’organisme. Celui-ci se modifie souvent jusque dans ses actes les plus intimes et les plus immédiatement liés à son existence générale. Ici encore l’espèce humaine nous fournit un exemple frappant.

On sait que la respiration est une sorte de combustion, et qu’à chaque expiration nous rendons une certaine quantité d’acide carbonique. On peut mesurer l’activité de la fonction par la quantité de ce gaz que produit la combinaison de l’oxygène de l’air avec le carbone pris à nos organes. Or les recherches de MM. Andral et Gavarret nous ont appris que dans le jeune âge la respiration est à