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II. — TRANSFORMATIONS DES MAMMIFÈRES DANS L’ŒUF.

Après avoir vu ce que deviennent l’œuf des mammifères et ses enveloppes, revenons à l’embryon, et rappelons d’abord que chez l’adulte les organes, tout en concourant a un résultat unique, n’en sont pas moins chargés de rôles divers. Les uns servent aux manifestations de la vie animale, les autres sont les instrumens de la vie végétative; tous puisent les élémens nécessaires à leur entretien dans un liquide nourricier unique, le sang, que des organes spéciaux, artères et veines, distribuent à tout le corps. De là trois classes d’organes bien distinctes. Eh bien ! dès l’origine, les trois lames ou feuillets de l’aire germinative répondent à ces trois sortes d’appareils. Du feuillet externe ou supérieur naissent les organes de l’intelligence, de la sensibilité et du mouvement, tels que le cerveau, la moelle épinière, les nerfs, les os et les muscles, dont l’action est soumise à l’empire de la volonté. Le feuillet interne ou inférieur produit les appareils dont les fonctions importantes, mais obscures, s’accomplissent d’ordinaire sans que nous en ayons même conscience, — par exemple le tube digestif et ses annexes. Enfin du feuillet intermédiaire émane le système vasculaire, le cœur et les vaisseaux artériels ou veineux. Ces divers systèmes d’organes ne se montrent ni en même temps ni d’emblée avec leurs formes et leurs proportions caractéristiques. Avant de se constituer définitivement, tous ont à subir des transformations. Sous peine d’entreprendre un traité d’embryogénie, nous ne saurions présenter ici, ne fût-ce qu’en abrégé, le détail de ces phénomènes, et plus que jamais il faut choisir. Bornons-nous donc à quelques faits les plus propres à justifier les conclusions applicables à l’ensemble du règne.

En résumant ce que les observateurs nous ont appris sur l’apparition successive des divers appareils, on voit que les premiers formés chez les mammifères sont ceux qui caractérisent au plus haut degré l’animal et même le sous-règne des vertébrés,— la colonne vertébrale, le crâne et les centres nerveux contenus dans leur intérieur. En est-il de même chez tous les animaux? A ne consulter que les résultats directs de l’observation, on serait tenté de répondre négativement. Sans doute certains appareils de la vie animale, tels que les tégumens et même des organes de locomotion, se montrent tout d’abord; mais le système nerveux, généralement regardé comme nécessaire pour les animer, ne se laisse voir qu’à une époque beaucoup plus avancée. Peut-être existe-t-il déjà et échappe-t-il à nos instrumens par suite de sa délicatesse et de sa trop grande transparence.