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Chez la hermelle et le taret, le blastoderme est à peine formé, que la membrane vitelline, jusque-là restée inactive, entre aussi en action : ses plis irréguliers s’effacent, son épaisseur semble augmenter, et cette espèce de coque flexible vient s’appliquer exactement sur le germe encore informe comme un véritable épidémie. Quelques cils se montrent à la surface. D’abord immobiles comme de simples filamens de cristal, ils s’agitent bientôt par saccades. Leur nombre augmente rapidement; leurs vibrations, plus rapides et plus soutenues, ébranlent le corps qui les porte. Ce petit être, qui n’est plus un œuf et n’est pas encore un animal, semble se balancer sur la lame de verre placée au foyer du microscope. Enfin la transformation s’achève : tout à coup la jeune larve s’échappe comme poussée par une force mécanique, et nage en tourbillonnant dans le liquide, semblable à un petit hérisson garni de piquans animés.

La hermelle et le taret sont des animaux à métamorphoses proprement dites. Laissons pour le moment leurs larves vagabondes, que nous retrouverons plus tard, et revenons à l’œuf des mammifères. Nous avons vu comment, à l’intérieur de l’enveloppe vitelline, déjà fort élargie, le germe s’était entouré du blastoderme, et comment sur un point de celui-ci s’était formée l’aire germinative. Presque dès son apparition celle-ci est composée de deux lames qu’une dissection très délicate parvient à séparer. Bientôt une troisième se développe entre les deux premières, et grandit avec elles. De ces trois lames naissent tous les organes et aussi diverses membranes qui complètent les enveloppes du germe. Une couche spéciale fournie par la lame externe devient l’amnios, qui, comme un voile de gaze, entoure l’embryon et sécrète un liquide abondant au milieu duquel le jeune mammifère reste plongé jusqu’à l’heure de sa naissance. Une autre, se détachant peu à peu du même point, a déjà doublé en dedans la membrane vitelline et contribué à former le chorion, qui est comme la coque de l’œuf. Des deux autres lames s’élève à l’extrémité postérieure de l’embryon une espèce de poche, l’allantoïde, qui grandit rapidement, s’allonge en forme de ballon à long col, et vient à son tour s’appliquer à l’intérieur du chorion. Cette allantoïde amène avec elle des veines et des artères communiquant avec les vaisseaux de l’embryon. Aussi, partout où elle atteint, on voit se manifester un surcroît d’activité vitale. Les villosités du chorion grandissent, se multiplient. Enfin l’œuf se greffe dans le sein qui le porte pour y rester fixé jusqu’au moment de l’éclosion, et à partir de ce moment il se nourrit aux dépens de la mère.

Pendant que s’accomplissent dans les enveloppes les transformations que je viens d’indiquer, le germe lui-même n’est pas resté