de neuf et d'essentiel dans l'armement de nos chasseurs, il nous faudra entrer dans quelques détails, et aller prendre nos origines un peu loin.
Nous ne remonterons pourtant pas jusqu'à l'invention de la poudre, — et nous épargnerons au lecteur la description des machines de guerre qui furent les premières armes à feu portatives; c'est là le nom qu'on donne à tout engin qui, porté et manié par un homme, est destiné à lancer des projectiles mus par l'inflammation de la poudre. Nous dirons seulement que, malgré l'anathème de Bayard et les sarcasmes de l'Arioste, ces armes étaient déjà très répandues au milieu du XVIe siècle, et jouaient un rôle important sur les champs de bataille. C'est aux Espagnols qu'appartient l'honneur d'en avoir rendu l'emploi plus facile, plus régulier, plus général. Les Espagnols ont été pendant plus de cent ans les maîtres dans l'art de la guerre; leur puissance avait commencé à décliner, qu'ils conservaient encore leur supériorité militaire, et depuis la bataille de Cerisoles, gagnée par le comte d'Enghien en 1544, jusqu'à la mémorable victoire de Rocroy, remportée en 1643 par un héros de la même race et du même nom, ils eurent l'avantage sur nous dans toutes les affaires rangées. Leurs généraux étaient plus instruits et formaient une véritable école; seuls alors ils faisaient de la stratégie. Leur organisation était meilleure, et les célèbres tercios devaient servir de modèle aux régimens. Leur armement était supérieur; ils avaient adopté le mousquet, et c'était la première arme à feu qu'un homme pût manier facilement, charger avec rapidité et tirer avec une certaine justesse; chacun de leurs tercios renfermait une proportion fixe et assez élevée de mousquetaires.
Les bons résultats que les Espagnols tiraient de l'organisation et de l'armement perfectionnés de leur infanterie n'échappèrent pas aux capitaines français; un d'eux surtout, le duc François de Guise, chercha à en faire son profit; c'est à lui que nous devons la première ébauche de l'organisation régimentaire calquée sur celle des tercios, et dans plus d'une rencontre avec les huguenots, les nombreux arquebusiers, parfaitement exercés, que comptaient nos vieilles bandes de Picardie et de Piémont, assurèrent l'avantage aux armées catholiques. Dans le parti contraire, un jeune général qui devait devenir un grand roi, doué de cet instinct créateur, de ce génie qui peut s'appliquer au gouvernement comme à la guerre, et qui, lorsqu'il est tempéré par le bon sens, peut donner aux peuples la gloire et le bonheur, Henri IV, avait mis un soin tout particulier à augmenter le nombre et la qualité de ses arquebusiers; souvent il en sut faire un emploi aussi neuf qu'heureux. A la bataille de Coutras, il les répartit par groupes de vingt-cinq au milieu de ses escadrons de cavalerie; quand la gendarmerie royale s'avança pour les charger, elle essuya