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sous la direction du ministère des finances se sont élevés à 241,512,818 roubles, et les capitaux remboursés à 212,874,598 roubles, de sorte qu’il y avait un excédant des sommes déposées de 28,638,220 roubles (114,544,880 francs). Depuis le 1er janvier de l’année courante jusqu’à la fin d’août, les mêmes établissemens ont reçu, de la part des nouveaux déposans, 129,819,225 roubles, et ils ont remboursé 135,778,454 roubles, de sorte que les remboursemens ont excédé de 5,959,229 roubles les capitaux déposés pendant ces huit mois, ce qui est une conséquence naturelle de rémission de plusieurs séries des billets du trésor portant intérêt et des souscriptions sur le nouvel emprunt de 50 millions, car une partie des capitaux disponibles se sont tournés vers ces deux placemens, comme plus avantageux sous le rapport du taux des intérêts.

Cet excédant des remboursemens, sur les opérations des huit derniers mois, qui forment un revirement total de plus de 265 millions 1/2 de roubles (1,062,000,000 francs), n’a absorbé qu’un peu plus d’un cinquième de l’excédant des capitaux placés dans les banques pendant l’année précédente et ne présente certes rien d’inquiétant. Il rentre dans la catégorie des cas prévus et qui se sont déjà plus d’une fois manifestés dans les temps ordinaires par suite des opérations commerciales et industrielles, de l’émission de nouvelles séries des bons du trésor, ou d’autres circonstances locales qui réclamaient les capitaux retirés des banques, ou qui en détournaient une partie de ceux qui auraient dû y affluer. Ce sont de ces éventualités auxquelles les banques sont parfaitement en mesure de faire face sur leurs fonds sans recourir même aux ressources que l’état tient en réserve pour soutenir la solvabilité de ces établissemens. La somme de l’excédant des remboursemens qui résulte des opérations des banques pendant l’année courante jusqu’à la fin du mois d’août pourrait décupler avec le temps, sans amener des embarras irrémédiables. Les demandes de remboursement n’arrivent jamais subitement et en masse, mais graduellement, et elles sont toujours couvertes en majeure partie par les sommes reçues des nouveaux déposans et par les annuités payées aux banques à compte des capitaux hypothéqués sur les biens-fonds, ce qui laisse au gouvernement le temps d’aviser aux moyens de venir au secours des banques en cas de besoin. Celles-ci ont aussi la ressource de suspendre ou de restreindre, dans les temps critiques, les avances qu’elles font sur des immeubles, pour employer leurs fonds aux exigences de leur dette flottante.

Si par la suite le chiffre trop élevé des capitaux remboursables à bref délai et celui de la dette flottante de l’état donnaient lieu à des appréhensions sérieuses au sujet d’une crise financière, le gouvernement aurait un moyen sûr d’y remédier en ouvrant le grand-livre de la dette consolidée.

Comme les banques ne paient aux déposans que 4 pour 100 d’intérêt, une grande partie des capitaux placés dans ces banques se porteraient sur le grand- livre, si le gouvernement accordait des inscriptions de rente 4 1/2 ou 5 pour 100, en les garantissant pour vingt ou vingt-cinq ans de toute conversion.

Les grands capitalistes, vivant de leurs rentes et ne cherchant qu’un placement sûr, profiteraient de ce moyen d’augmenter leur revenu, et même ceux qui placent temporairement leurs fonds aux banques pour les retirer