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l’influence de l’état révolutionnaire en 1848, à 226 millions de florins en 1852. »

La première de ces entraves influe sans aucun doute sur le revenu de l’état. Cependant le produit des douanes, qui n’était, année moyenne, pendant la période quinquennale de 1822-1826, que de 47,997,000 roubles-assignats, représentant, au cours de cette époque (27 pour 100), 12,959,000 roubles-argent, a donné pour la période quinquennale de 1848-1852, année moyenne, 29,519,000 roubles-argent, ce qui présente une augmentation de 16,560,000 roubles-argent (66,240,000 francs) ou de 128 pour 100. Ces progrès obtenus malgré un tarif douanier encore très-restrictif par l’élévation des droits d’entrée et malgré d’autres circonstances qui entravent le développement du commerce extérieur, prouvent la force expansive des ressources du pays, et l’on peut en inférer dans quelle forte proportion cette branche de revenu aurait pu augmenter avec un système moins restrictif que celui qui existe encore aujourd’hui, quoique sensiblement modifié depuis 1850, et dont la France nous a donné le premier exemple. Quant au servage, le gouvernement s’occupe constamment, depuis bien des années, à en atténuer les conséquences, autant que les circonstances le permettent, et sans bouleverser la fortune des particuliers et les rapports économiques du pays, et M. Léon Faucher aurait pu voir, par les données consignées dans mes Études sur les forces productives de la Russie (tome 1er, page 327 de la deuxième édition), qu’en 1851, sur le total de 23,370,000 cultivateurs, il n’y avait que 11,683,000 paysans à corvée, ou un peu moins de la moitié, dont une grande partie dispose librement de son temps et de son travail, moyennant des accords volontaires, en payant aux propriétaires une certaine rente sous le nom d’obrok, et que l’autre moitié se compose de cultivateurs entièrement libres.

Les revenus ordinaires de l’état ont augmenté en Russie depuis quinze ans dans la proportion suivante : jusqu’en 1839, le chiffre le plus élevé était de 163,751,000. En 1853, le budget des recettes ordinaires s’est élevé à 224,308,000 roubles, ce qui présente pour quatorze ans une augmentation de 60,557,000 roubles (242,228,000 francs), ou de plus de 36 pour 100, et cet accroissement de revenu a été obtenu sans aucune augmentation des impôts existans, bien que la matière imposable soit loin d’être épuisée en Russie, comme elle l’est dans beaucoup d’autres pays. Il nous suffira de reproduire ici quelques faits qui ont déjà été signalés en réponse au Moniteur dans le Journal de Francfort du 9 juillet.

On consomme en Russie environ 50 millions de kilogrammes de tabac, et l’imposition de cet article ne rapporte pas 3 millions de roubles-argent, y compris le droit d’entrée prélevé sur les tabacs étrangers ; ce qui ne donne que 6 kop. ou 24 centimes par kilogramme.

L’impôt sur le sel, prélevé sur une consommation de 580 millions de kilogrammes et sur une population de 60 millions[1], ne rapporte, avec le droit prélevé sur le sel étranger, que 9,700,000 roubles, ce qui donne 1 1/2 kop. ou 6 centimes par kilogramme, et 16 kop. ou 64 centimes par habitant.

Les impôts prélevés sur le commerce et l’industrie sous le titre de guildes et de certificats ou patentes ne rapportent que 4 millions de roubles sur un

  1. Sans la Finlande et le royaume de Pologne.