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LE ROMAN


ET


LES ROMANCIERS EN ITALIE





L’ÉCOLE DE MANZONI. — LE ROMAN DÉMOCRATIQUE ET M. GUERRAZZI. — LE ROMAN INTIME ET M. CARCANO.





Il n’est donné à aucun pays de séparer complètement ses destinées politiques de ses destinées littéraires, et nous voyons aujourd’hui l’Italie porter dans les travaux de l’esprit la même aspiration vers l’indépendance et l’unité qui marque depuis le commencement du siècle le développement de sa vie nationale. Seulement il faut reconnaître que dans le domaine des lettres cette noble aspiration ne rencontre pas les mêmes obstacles que dans le domaine des intérêts publics. Si les grandes œuvres, si les directions fécondes manquent en ce moment, quelques triomphes sérieux, quelques conquêtes durables ont du moins ouvert une voie où il ne reste qu’à s’affermir. A côté des maîtres, déjà souvent appréciés ici même[1], toute une jeune école continue, avec une ardeur infatigable, sinon toujours victorieuse, l’œuvre de rénovation littéraire commencée il y a cinquante ans. C’est là un spectacle que l’Europe néglige un peu, et qui mérite cependant une attention sérieuse. Savoir dans quelle mesure l’Italie participe à la vie intellectuelle de notre siècle, ce n’est pas une question qu’il convienne de traiter avec indifférence, et quiconque voudra interroger de près les récens travaux littéraires de la péninsule transalpine pensera sur ce point, nous l’espérons, un peu comme nous.

  1. Voyez notamment Manzoni dans la Revue du 1er septembre 1834; Pellico, 15 septembre 1842; Leopardi, 15 septembre 1844; Niccolini, 15 septembre 1845.