atteints, et bien que le mouvement se soit produit en dehors de la direction indiquée. La commission demandait des peintures de haut style, des œuvres où la composition et l’exécution seraient marquées, au coin de la grandeur et de l’élévation. Dans le concours qu’elle avait ouvert, il y avait à gagner des prix et de la renommée : aussi y eut-il beaucoup de prétendans; mais en définitive très peu des tentatives faites approchèrent des conditions posées par le programme. Néanmoins les juges décernèrent des prix en abondance, dans l’idée qu’il était convenable de récompenser l’effort même en l’absence de la force, et probablement aussi dans la crainte d’effrayer le public en avouant trop ouvertement que bon nombre des couronnes préparées n’avaient pas trouvé de vainqueurs à couronner.
A nos yeux, cet échec ne prouve point contre la capacité des artistes du pays; il accuse plutôt la commission elle-même d’avoir trop agi à l’étourdie. Avec la perspective d’un nom à se faire et d’un salaire à gagner, des hommes qui avaient passé leur vie à peindre en petit des scènes du Vicaire de Wakegeld et des enfans perdus dans la forêt, ou à perpétuer les poses et les sourires stéréotypés du portrait à la mode, commandèrent soudain des cartons de vingt pieds pour se mettre sur l’heure à les remplir, dans un beau feu pour l’art épique que leur ignorance absolue rendait sublime. Comment penser que les artistes pussent hésiter à accourir, quand ce brusque appel aux armes était appuyé par le puissant attrait du gain et de la popularité, et quand les juges du camp, tout les premiers, oubliaient le long et laborieux apprentissage que réclament de pareilles productions ?
Évidemment néanmoins il existait alors quelque heureux rapport de temps et d’occasion entre le pays et cette sommation, car, malgré la méprise des membres de la commission, l’école a continué sa marche en avant; leur aveugle bonne volonté s’est trouvée coïncider avec le possible du moment. Ainsi, durant la période qui a suivi le concours des cartons, l’attention s’est tournée vers la grande peinture, et quoique nul nom nouveau ne soit venu s’ajouter aux noms de MM. Dyce, Herbert, Cope et Maclise, — qui ont donné suite à leurs heureux débuts en peignant des fresques de grand mérite dans le palais du parlement, — on peut constater une amélioration générale dans tous les genres de sujets, un seul peut-être excepté. Chose étrange à dire, c’est précisément l’art historique qui n’a pas progressé du même pas, comme nous le verrons en venant au détail des œuvres.
Parmi les expositions ouvertes au public, cinq se composent des produits du sol; les autres consistent en une petite collection de tableaux français, un salon allemand et deux galeries de vieux