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LA PEINTURE


EN ANGLETERRE


A PROPOS DES EXPOSITIONS DE 1854.





I.

Cette année, au mois de juillet, Londres ne renfermait pas moins de neuf expositions de peinture et de sculpture, en laissant de côté le National Gallery et la collection de sculptures antiques du British Museum. Cela prouve que les choses de l’esprit tiennent leur place, aussi bien que le fer et l’or, dans les pensées du peuple anglais. Sans vouloir rechercher minutieusement dans quelle proportion les intentions de lucre ou la rivalité d’imitation ont pu contribuer à ces résultats, et dans quelle mesure ils représentent réellement les instincts de l’art britannique, il nous semble que quelques remarques, suggérées à un habitué de la palette par les diverses galeries, peuvent valoir la peine d’être lues. Nous sommes d’autant plus porté à dire notre mot, que la plupart des jugemens et des théories sur l’art qui arrivent au public sont écrits par des hommes voués à la profession de la plume et non à celle du pinceau. Le côté littéraire de la question, en tout cas le côté le plus propre à frapper ceux qui ne sont que spectateurs, a donc été amplement développé; le point de vue de ceux qui pratiquent n’a pas, à beaucoup près, trouvé autant d’organes, et il peut ainsi avoir un certain intérêt de nouveauté. D’ailleurs n’est-il pas juste que cette autre face de la cause soit également soumise au grand juge ? Elle est sans contredit aussi essentielle pour l’art que pour les artistes : elle embrasse tout ce qui tient le plus à la peinture dans un tableau, tout ce qui en fait autre chose et plus qu’un drame ou un poème, ou même une image, en un mot