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de la rive opposée un bateau qui le dépose sain et sauf sur les quais de la ville des pilotes.

La conclusion de l’étude de géographie physique dont Quillebœuf nous a fourni le sujet est facile à tirer. L’exemple de cette localité et des questions si variées qu’elle soulève doit engager les esprits sérieux à donner au public des monographies météorologiques servant de types pour le climat. C’est du climat que dépend en effet la production végétale et animale sur laquelle définitivement est basée la population. Des études historiques sur les diverses communes de la France ont été recommandées et en partie exécutées ; les voyages agronomiques d’Arthur Young, si abondans en détails spéciaux, ont été fort utiles à la science. Les études des localités physiques considérées sous le rapport du terrain et du climat, de la vie végétale et animale, enfin de l’espèce humaine utilisant les minéraux, les plantes et les animaux, offriront de précieux matériaux que l’on coordonnera ensuite, et qui seront la pierre de touche des théories. Les réflexions suggérées par ces études porteront des fruits immédiats. Par ce qui a été fait, on pourra juger de ce qui pourrait et devrait être fait encore, c’est-à-dire présumer les améliorations possibles au physique et au moral. — Mais, dira-t-on, beaucoup de perfectionnemens sont actuellement impossibles. — D’accord ; toutefois l’opinion qu’ils sont désirables est une grande puissance. On rejette souvent une idée parce qu’elle est nouvelle, et qu’on redoute les essais et les déceptions : eh bien ! cette idée vieillira avec le temps, et pour attendre le moins possible, il faut se hâter de la faire éclore au jour de la publicité ; il faut lui donner une date qui lui assure bientôt un âge convenable. La renommée des conquêtes est encore de nos jours la première de toutes, pour notre nation plus que pour toute autre. Combien n’y aurait-il pas à s’enorgueillir plutôt des progrès de l’organisation sociale dans notre pays, progrès qui en ont porté la population de 24 millions à 36, et qui nous ont ainsi paisiblement conquis une nouvelle France comparable à bien des états européens, tout en augmentant sa force et sa richesse ! pour les Français bien gouvernés administrativement, industriellement et scientifiquement, la plus fructueuse de toutes les conquêtes d’ici à bien des années encore, ce sera la conquête de la France !


BABINET, de l’Institut.