politique de Cranmer. Néanmoins plusieurs des missionnaires sont des hommes d’une éducation supérieure, et quelques-uns même ont été des agrégés de Cambridge et d’Oxford. La société a très sagement décidé que les devoirs du missionnaire devraient absorber toute son attention, et qu’il devrait renoncer à toute autre occupation scientifique ou littéraire. Ce qu’on exige de lui, c’est une vie de dévouement ingrat et obscur, non une vie d’égoïsme cultivé et brillant. Le but de la société est purement et simplement la propagation de l’Evangile parmi les païens de la Cité. Ce titre de missionnaire de la Cité n’est point un terme excentrique, car il serait plus facile de trouver des fidèles dans certaines îles à demi sauvages que dans certaines paroisses de Londres. M. Vanderkiste calcule qu’il y a plus de communians à la Jamaïque, sur une population de 380,000 habitans, que dans Londres entier sur une population de 2,103,279 âmes, et que dans les îles de Tonga et d’Havaï de la mer du Sud, une moitié de la population, qui se compose de 18,000 âmes, assiste à l’office divin, tandis que dans la paroisse d’Islington, par exemple, qui compte une population de 55,690 âmes, la moitié des églises et des chapelles sont vides.
M. Vanderkiste a été un de ces missionnaires et s’est dévoué pendant six ans à ce dur travail sans récompense. Les notes qu’il nous donne aujourd’hui sont souvent curieuses à lire, non pour ce qu’il a accompli, mais pour ce qu’il raconte et révèle. C’est un appendice curieux aux livres qui ont été publiés sur les classes pauvres et criminelles depuis une dizaine d’années. Il est malheureux que l’auteur n’ait pas voulu, soit par pudeur, soit par un respect exagéré de son lecteur, raconter tout ce qu’il avait vu. Le quartier dans lequel M. Vanderkiste a exercé ses saintes fonctions est le quartier de Clerkenwell, au nord de Londres, un des districts les plus immondes de la grande cité, hanté par une population de mendians et de voleurs, de taverniers de bas étage, leurs compères, et de receleurs juifs, leurs complices. La population de Clerkenwell, qui comprend les deux paroisses de Saint-James et de Saint-John, était en 1851 de 53,584 habitans. Sur ce chiffre, on peut admettre qu’il y en a les deux tiers qui sont plongés dans le plus complet dénûment. Aussi, lorsque les épidémies passent dans cette population compacte, elles font une moisson effrayante d’existences humaines. Durant le choléra de 1849, le nombre quotidien des décès était de cent sur une population d’environ 50,000 âmes, et le fléau dura à peu près toute l’année. Cette population de 50,000 âmes, à laquelle M. Vanderkiste borne les renseignemens qu’il nous donne, n’est qu’une faible partie de la population misérable de la grande capitale. Que serait-ce donc si nous avions les notes de tous les confrères du missionnaire sur les